Destination Moonbase Alpha

(Destination Moonbase-Alpha)

 Les critiques

Nombre de critiques : 1

Total des points : 7

Moyenne obtenue : 7.00/10

n°1 - 7/10 BELMONT Frédéric

26 avril 2003

Un astronef géant alunit sur la base lunaire Alpha : à son bord, chacun retrouve un parent, un ami ou un fiancé. C'est la Terre qui envoie des émissaires en vue de rapatrier les Alphans. Mais le commandant John Koenig, victime d'un accident d'Aigle peu avant leur arrivée, est le seul à découvrir la monstrueuse apparence de ces prétendus visiteurs. Bon gré, mal gré, il tente de convaincre Héléna et Maya de la supercherie télépathique des imposteurs. Mais les aliens ont déjà préparé un plan de destruction de la base.

Plus connu sous le label "Un Message d'Espoir" en Version Française, "Destination to Moonbase Alpha" est en réalité un condensé du seul épisode double de la Deuxième Saison de Cosmos 1999. Autant vous prévenir tout de suite : je n'ai pas vu la version grand écran mais je suis un fan absolu de Cosmos 1999 et un grand admirateur de "Bringers of Wonder" en V.O. Je n'avais qu'une douzaine d'années lorsque je l'ai visionné pour la première fois et je suis aussitôt tombé sous le charme. Pourtant, je suis le premier à critiquer l'ambiance ratée de la deuxième saison, cependant j'affirme avec force et passion qu'il existe d'excellents épisodes. Celui-ci en est un, même si la réalisation souffre encore de la griffe de Freddie Freiberger (décédé au début 2003 à l'âge de 88 ans). Si, comme moi, vous connaissez bien l'esprit de la série, vous savez que les Alphans se retrouvent projetés dans l'inconnu de l'espace, qu'ils rencontrent des civilisations extra-terrestres étonnantes, sans jamais savoir si la Terre a survécu à la catastrophe du 13 septembre 1999. Même le mystérieux "Autre Temps, autre Lieu" et le féerique "Destination Terre" ne parviennent pas à résoudre l'énigme du devenir de la planète bleue. C'est pour cette raison que ce film (repris d'un épisode en deux parties) s'offre le luxe de nous prendre en porte-à-faux par rapport aux règles habituelles de la série : tout commence lorsque l'équipe d'Alpha détecte un vaisseau qui s'approche plus vite que la lumière. Il ne leur faut pas beaucoup de temps pour identifier le Superswift, un prototype de vaisseau supra-luminique terrien élaboré d'abord sur papier avant la tragédie de 1999. J'aime beaucoup l'idée qu'ont eu les réalisateurs de proposer des retrouvailles : l'irruption de tous ces amis terriens nous permettent d'en savoir un peu plus sur le passé jusque là méconnu des Alphans. Entre autres, on se réjouit de faire connaissance avec le Dr Shaw, professeur de médecine d'Héléna; Diana Morris, l'ancienne "conquête" de John koenig au bal du lycée; par ailleurs, on s'étonne d'apprendre que Sandra Benes (déjà "veuve" de Michael Ryan et de Paul Morrow dans la première saison) nourrissait des projets de mariage dès son retour sur Terre. Quant au contestable Tony Verdeschi, nous n'en revenons pas de lui découvrir un frère aussi gigolo que lui! Au passage, vous remarquerez qu'aucun Terrien ne demande des nouvelles du professeur Victor Bergman dont l'absence ne sera jamais expliquée (ni même évoquée) au cours des 24 épisodes de la Deuxième saison. De même, dans la longue séquence de dialogues, aucun membre du Superswift ne fait allusion aux dégâts provoqués sur Terre par le départ de la lune. Bien que le Dr Shaw promet de répondre à tous les Comment, Pourquoi et autres Combien, les téléspectateurs fidèles que nous sommes resteront sur leur faim. Pour se consoler, nous pouvons toujours nous dire que les Aliens parent au plus pressé en gommant les à-côtés! En fait, l'idée de retrouvailles avec des visages connus n'est pas nouvelle : ce procédé a déjà été utilisé par Ray Bradbury dans son roman "Chroniques Martiennes" (une adaptation télévisée existe et j'invite notre webmaster national à bientôt en faire une fiche courte). Lorsque les 3 astronautes débarquent sur Mars, ils s'étonnent de découvrir une contrée verdoyante baptisée Ohio et de retrouver des gens de leur famille qu'ils croyaient morts. Les retrouvailles sont là aussi poignantes jusqu'à ce qu'ils s'aperçoivent trop tard de la supercherie des Martiens (qui sont des êtres hautement télépathiques). Dans Cosmos 1999, l'ambiance est alors tellement festive qu'elle en devient même suspecte. N'y a-t-il pas anguille sous roche? Comme vous le savez, seul Koenig reste aveugle à la tromperie des aliens et comprend d'emblée leur stratégie. Mais ce que j'admire dans cette histoire, c'est que les ruses utilisées par les visiteurs sont encore plus crédibles que chez Bradbury : autant les astronautes auraient dû se méfier de cet improbable Ohio martien, autant il est humain que les Alphans fraternisent avec ces prétendus parents triés sur le volet. Comme l'explique si bien le Commandant, les aliens sont de puissants illusionnistes qui ont puisé dans les souvenirs des Alphans afin de se présenter sous leur meilleur jour! Si l'idée est géniale, on regrettera toutefois l'aspect complètement burlesque de ces monstres-spaghettis, absolument pas effrayants et qui n'ont rien de crédible à l'écran (même en 1976). Sachant que Cosmos 99 fut soutenu par la télévision italienne, je me demande si, en plus, la série n'a pas été sponsorisée par une marque de pâtes, tellement ces créatures évoquent une montagne de Panzani dégoulinante de sauce Dolmio. C'est aussi la première fois que l'on voit le Commandant afficher une telle expression de terreur : à sa place, j'aurais plutôt éclaté de rire tant l'apparence de ces monstres est ridicule à souhait de mauvais goût! Il n'empêche que la bonne idée est là! De plus, il est rare de croiser dans Cosmos 99 un peuple extra-terrestre qui n'est pas humanoïde. La plupart des épisodes souffrent de ce défaut pourtant flagrant : comment se fait-il que les planètes rencontrées sont peuplées d'humains sachant parler le français? Dans "Direction to Moonbase Alpha", ces fameux monstres dégoulinants seraient plutôt cousins des Tritonniens de l'épisode "L'anneau de Lune". Ils ne connaissent pas notre langue mais lisent dans nos pensées afin de communiquer, ce qui revient au même. Par ailleurs, j'adore la séquence d'illusion où Alan Carter, Bartlet et Ehrlich croient revenir sur Terre à bord d'une capsule triplace: pour la première fois dans l'univers astronautique de la série, on s'apprête à découvrir la Terre de 1999 (si souvent évoquée mais jamais montrée). Au lieu de cités hyper-futuristes et de dômes de verre parcourus d'électrodes, les producteurs ont eu l'idée de nous montrer des vues aériennes de New York City et des gratte-ciel de Manhattan : on distingue bien des voitures sur les autoroutes mais, vues du ciel, elles sont si petites qu'il est impossible d'en distinguer la marque ou l'aspect. Au niveau de l'actualité automobile, l'histoire ne trahit pas son époque d'origine en nous présentant je ne sais quel modèles obsolètes. Lorsque Alan croit se promener dans la campagne terrestre, on le voit utiliser un buggy, véhicule de promenade tout ce qu'il y a de plus atemporel dans l'ère post-industrielle. En revanche, la raison pour lequel "Destination to Moonbase Alpha/Bringers of Wonder/Un Message d'espoir" gagne en qualité involontaire, c'est que les Tours Jumelles du World trade Center apparaissent sur l'un des plans aériens de New York City. Or, si vous avez bonne mémoire, les aliens puisent dans les souvenirs de nos pauvres Alphans et ceux-ci redécouvrent la ville américaine telle qu'ils l'avaient connue en 1999! Or, quelques jours après le 11 septembre 2001, je lisais dans la presse : "Celui qui n'est pas au courant des attaques terroristes survenues aux USA est un astronaute!" --> Un astronaute ou un alien télépathe. Il se trouve que les monstres n'ont jamais vu la planète Terre et, pas plus que les Alphans, n'ont entendu parler d'un certain Oussama Ben Laden! Je reconnais que dans mas critiques, je reviens souvent sur la tragédie du 11 septembre mais il se trouve que la plupart des films que je décortique gravitent autour de la capitale financière des Etats-Unis. Qu'on le veuille ou non, la tragédie qui a frappé le peuple américain nous fait voir d'un autre oeil les films de science-fiction censés se dérouler à New York. Or, dans sa version télévisée, Destination New York (pardon, Moonbase Alpha) se déroule exactement "1912 jours après le départ de l'orbite terrestre", soit le 7 décembre 2004! Comprenez donc mon allusion ici tellement justifiée! De toutes manières, je me demande jusqu'à aujourd'hui si la réaction des Alphans était réaliste : leur confiance en l'équipage du Superswift est sûrement comme exagérée mais je n'oublie pas qu'ils sont sous l'emprise d'une illusion cérébrale! Et puis, comment oublier la réplique légendaire des Aliens : "We can offer the people of Alpha a complete life, as it would be with your loved ones in your own homes on Earth. A life without pain or sorrow, without fear or loss. This is what we offer." (en français : "Nous pouvons vous faire vivre une vie entière de bonheur en une fraction de seconde"). Ces propos auraient pu trouver leur place dans un l'ambiance philosophique de la première saison mais, comme on ne refait pas l'histoire, ils ne trouvent que très peu d'écho dans le format généralement "cucul la praline" de la deuxième saison. En tout cas, ils m'ont fait réfléchir tout en me rappelant l'illusion Talosienne dans "La Ménagerie", épisode pilote de Star Trek. Je me répète mais je n'ai pas eu l'occasion de visionner la version cinématographique de "Un message d'espoir" et je ne serais pas étonné d'apprendre que certaines modifications ont été apportées par rapport à l'original! Dans la série TV, je sais que le design est conforme à l'esprit Freiberger, c'est à dire pompeux et médiocre. Par exemple, les décors s'entichent de couleurs criardes, les dialogues sont toujours autant sirupeux, l'humour aussi vaseux et les transformations de Maya, toujours aussi laborieuses (quoique moins loufoques que dans d'autres épisodes)! Sans parler des visières de casques qui s'entrouvrent pendant les scènes de combat lunaire sans que cela ne provoque de dépressurisation! Mais la plus grande qualité de ce show ne réside pas dans l'excellence de sa réalisation mais plutôt dans les idées qu'il véhicule : le Souvenir et l'Illusion Perdue (pour ne citer qu'eux). En effet, l'histoire se termine joyeusement pour la base (sauvée de l'anéantissement) mais à nouveau tristement pour les Alphans (déçus du trucage et de ces rencontres factices) pour qui l'errance dans l'univers n'est pas terminée. Si l'on apprend quelque chose des us et coutumes Terriens des Alphans de l'an 1999, les téléspectateurs de 1976 ignorent toujours comment fonctionne réellement la Terre dans le futur. Pour terminer, on remarquera que cet épisode s'oppose à la morale de la première saison dans laquelle les Alphans apparaissaient comme les derniers représentants de l'humanité dans l'univers. L'embauche de Freiberger n'est pas si mauvaise qu'au premier abord car elle redonne aux Alphans un Message d'Espoir, celui de revenir sur Terre.

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