Daredevil

(Daredevil)

 L'histoire

Avocat luttant contre l'injustice et aveugle depuis l'enfance, Matt Murdock fait place au justicier masqué Daredevil lorsque la nuit tombe sur les rues de New York, dans le quartier de Hell's Kitchen. Il est prêt à tout pour protéger sa ville, mais à quel prix ?

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Le petit mot de Prof SF

Cela fait maintenant quelques temps que les séries télévisées mettant en scène des super-héros occupent une place de plus en plus importante dans la grille de programmation des networks américains. Résultant certainement des énormes succès commerciaux des films tirés des aventures de personnages issus de l’univers D.C. ou Marvel, comme "Avengers" et la trilogie "Batman", des séries comme "Agent Carter", GOTHAM, ARROW et THE FLASH occupent l'espace télévisuelle mais, à cause de scénario incapable de tenir sur la longueur, de budget famélique voire d’un discours pointant vers la cible des adolescents, le fan absolu de cette sous-culture au combien attrayante était souvent déçu de ce qu'il voyait sur l'écran.

Alors à l’annonce d’un accord d'envergure entre Netflix et Disney, qui portait sur l’adaptation de quatre séries issues de l’univers Marvel, un sentiment d’espoir s'empara des fans. Et à la vision de la saison complète de MARVEL'S DAREDEVIL, la première livraison de cet accord, l'attente des fans fut récompensé tant cette série de super-héros, véritable choc télévisuel, figure désormais au firmament des adaptations de comics.

Suite à un accident de voiture, le jeune Matt Murdock est aveugle depuis l’enfance mais doté de pouvoirs extraordinaires, ses sens ayant été amplifiés par l’accident. Il décide alors d’utiliser ces pouvoirs afin de combattre pour la justice. Avocat le jour, la nuit il devient le super-héros Daredevil, justicier luttant contre l’injustice à New York. Histoire composée de treize épisodes inspirés fortement de l'arc narratif écrit par Franck Miller, "The Man Without Fear" qui revient sur la genèse de Daredevil comme l'auteur l'avait également fait sur Batman, cette réussite tant espérée tient tout d'abord sur la personnalité même du héros.

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Justicier à la limite de la loi, torturé par un traumatisme de jeunesse, Daredevil représente, psychologiquement parlant, une véritable mine d'or pour tout scénariste un tant soit peu talentueux. Tiraillé dans sa « vision » de la justice, vivant une double vie d'avocat défendant le droit le jour et de justicier la contournant la nuit, violent et extrémiste dans ses actes, Matt Murdock n'hésite pas à utiliser tous les moyens possibles pour parvenir à ses fins. Torturer un ennemi, le balancer en haut d'un toit voire lui casser un membre semblent être des actions légitimes pour celui qui tente d'assainir son quartier parasité par la violence et les crimes commis. Traumatisé par l'accident qui l'a rendu aveugle, le beau et jeune avocat compense également cet handicap en accumulant les conquêtes féminines. Rarement un telle figure violente et si peu respectueuse de la gente féminine n'aura été aussi adulé que Daredevil !

Extrêmement importante dans la série d'origine, la relation de Murdock à la foi, à la religion catholique ou à l'autorité paternelle est un des points essentiels de la série. Recherchant l'absolution ou la confession en permanence auprès du prêtre de la paroisse, Matt trouve en la religion le questionnement et le réconfort dont il a été privé dans sa jeunesse en devenant orphelin. La relation avec son mentor, Stick, objet d'un épisode quasi-dédié et annonciateur du thème de la prochaine saison, est également ambigüe. Malgré l'opposition de Stick à toute relation paternelle envers le jeune Matt, le lien qui unit ces deux personnes est plutôt du domaine de la transmission père-fils que de la simple relation avec son sensei, son maître.

Visuellement impressionnant, disposant de décors grandioses dignes de n'importe quel blockbuster, MARVEL'S DAREDEVIL est dotée d'une réalisation de grande qualité, d'une écriture remarquable et précise ainsi que d'une casting haut de gamme qui l'entraîne vers les sommets.

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Série particulièrement violente où le sang coule à flots, ciblé vers un public de connaisseurs adultes, cette première collaboration Netflix-Marvel dispose d'un budget lui permettant de relever les paris les plus fous en termes de réalisation. Ainsi celle-ci se permet des audaces folles, tant au niveau des effets spéciaux (mais sans les fameux fonds verts de triste expérience) que de plans séquences hallucinant (dont une bagarre au deuxième épisode !) et font corps avec un récit haletant dont le moindre twist semble imprévisible.

Bénéficiant des magnifiques décors d'un quartier de New York, Hell's Kitchen, à peine remis des attaques extra-terrestres de AVENGERS, précis dans une narration aidée par le format réduit à treize épisodes de qualité qui permet de concentrer le récit au lieu de l'étaler inutilement, cette série est portée par un casting cinq étoiles sur lequel trône l'immense Vincent D'Onofrio. Impressionnant de justesse, de violence, d'émotion dans de Wilson Fisk, cet acteur chevronné découvert dans des œuvres impressionnantes telles que FULL METAL JACKET, ED WOOD ou MALCOM X, amène une dimension incroyablement physique et émotionnelle, que l'on pensait pourtant impossible à atteindre.

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Magnifiée par l'écriture des deux showrunners, Drew Goddard et Steven DeKnight, soit des poids lourds de l'écriture télévisuelle qui connaissent leur petit Daredevil illustré jusqu'au bout des ongles, cette réussite majeure emprunte des idées fortes aux plus grands scénaristes venus travailler ces cinquante dernières années sur la bande dessinée originelle. On notera ainsi, entre autre, la pertinence des flashbacks façon Miller, mais également la multitude de rebondissement qui font de la narration l'un des points addictifs de cette œuvre. Cette dernière trouve alors parfaitement sa place dans la programmation de plus en plus extraordinaire de ce « nouveau » support que représente Netflix. Car, ambitieuse, cette dernière propose, dans son type de consommation (les treize épisodes sont diffusés au même moment) mais également dans son exigence de qualité, une alternative plus que sérieuse aux grands networks en lorgnant vers les standards des chaînes câblées style AMC ou HBO. Et de promettre une association radieuse avec Marvel pour les autres séries qu'il nous tarde de découvrir.

17 avril 2015