Dark Skies

(Dark Skies)

 L'histoire

Dans une banlieue paisible, la famille Barrett voit soudainement sa vie basculer suite à des évènements étranges qui, chaque nuit, viennent troubler la tranquillité de sa maison. Lorsque leur fils cadet évoque un mystérieux « Ogre des sables » lui rendant visite le soir, le quotidien de Daniel et Lacy Barrett tourne alors au cauchemar : ils deviennent victimes d'inquiétants trous de mémoire, et de soudaines pertes de contrôle de leur corps. Ne trouvant aucun soutien autour d'eux, ils se retrouvent impuissants pour affronter ce qui va se révéler être une force extraterrestre cherchant à s'emparer de leurs enfants...

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Le petit mot du Doc

« Il y a deux possibilités…
Soit nous sommes seuls dans l'univers, soit nous ne le sommes pas.
Les deux hypothèses sont tout aussi terrifiantes. » Arthur C. Clarke

C'est par cette citation du célèbre romancier de science-fiction que débute le film DARK SKIES qui s'avère être une bien belle surprise. Car avec un titre tant accrocheur qu'inopportun - "le producteur de PARANORMAL ACTIVITY s'attaque à un nouveau genre" -, il y avait de quoi entrer dans la salle avec un sentiment négatif. Mais, à la faveur d'une bande-annonce alléchante et de quelques extraits choisis dont SCIFI-MOVIES vous a rapidement et généreusement comblé, il fallait absolument se rendre compte par soi-même de la tenue de ce long-métrage.

Une famille américaine de la middle class qui subit de plein fouet la crise économique actuelle va être la victime de phénomènes étranges qui semblent s'acharner contre eux : infractions multiples, nuées d'oiseaux qui viennent, sans raison connue, se fracasser contre les vitres de leur habitation, objets divers retrouvées empilés en défiant les lois de la gravité, cauchemars récurrents, pertes de connaissances… etc. Bref la vie de ce couple de trentenaires n'est pas facile, qui plus est avec un adolescent de 13 ans qui cherche sa voie et un autre de 6 ans, particulièrement réceptif aux événements qui se produisent ! La paranoïa grimpe en flèche, et on les comprend, d'autant que les autorités restent sceptiques et qu'aucune explication ne semble prendre le dessus. Sauf une peut-être, qui se fait de moins en moins illogique : des extra-terrestres auraient jeté leur dévolu sur le plus jeune garçon de la famille.

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DARK SKIES n'est pas de ces films d'horreur où l'on cherche à effrayer pour effrayer. Certes si les ingrédients participant à ce choix sont bien présents, ils sont utilisés à bon escient et de manière très intelligente. Par le biais d'une image et d'un éclairage très travaillés, par le souci du détail et par l'utilisation réfléchie du subjectif qui, quoiqu'on en dise, sera toujours plus efficace qu'un affichage de scènes violentes et gores à tout va. Bref, la tension monte crescendo pour trouver son paroxysme dans un magnifique final qui ne décevra pas les aficionados de M. Night Shyamalan dont le sujet rappellera aussi l'un des meilleurs films du réalisateur américano-indien : SIGNES (2002).

Car, après quelques recherches et devant le caractère inexplicable des évènements qui se produisent, il devient évident que des extra-terrestres peu sympathiques - ou manquant clairement de courtoisie - sont à l'origine du chaos qui se dessine. Ici point d'invasion à l'échelle de la planète mais une intrusion extra-terrestre plus intimiste au cœur d'une famille en proie à quelques difficultés financières et familiales. Devant l'incompétence et l'incompréhension des autorités et du voisinage, la famille Barrett va tenter de trouver de l'aide auprès d'un personnage énigmatique de qui ils apprendront qu'ils ne sont pas un cas unique. L'arrivée de cet "oracle", le sage, le conseiller, celui qui sait et qui croit, permet scénaristiquement d'offrir un espoir à la famille comme au spectateur de percer le mystère derrière cette rencontre du troisième type. Les Barrett ne sont plus seuls, mais pourront-ils pour autant lutter contre cette force insaisissable et son dessin final ?

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Là encore on reste dans une mise en scène intelligente qui permet de jouer sur le paradigme du film d'horreur selon lequel ce que l'on ne voit pas est toujours le plus terrifiant. Dans DARK SKIES on ne voit pas vraiment les extra-terrestres, mais on les devine. En plus des dessins d'enfants qui les représentent et participent à amplifier fantasmes et angoisses, le réalisateur fait en sorte que lorsqu'on les aperçoit, ce soit toujours sous forme de silhouette et quasi systématiquement en contre-jour. Et d'après ce que l'on distingue nous sommes en présence de "Gris", c'est-à-dire l'extra-terrestre roswellien souvent décrit tant dans les observations réelles que dans les films de science-fiction comme RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE (1977)…

Scott Stewart a orienté son casting pour que le spectateur puisse s'identifier aux comédiens incarnant les membres de la famille, pour qu'il les trouve vraisemblables et attachants. Il a offert les premiers rôles à des acteurs peu connus mais terriblement efficaces, en particulier Keri Russell et Josh Hamilton dans le rôle des parents et Dakota Goyo dans celui du jeune Jesse Barrett. Certains auront peut-être noté que ce dernier avait partagé l'affiche avec Hugh Jackman dans REAL STEEL (2011) et qu'il incarnait aussi Thor jeune dans THOR (2011) de Kenneth Branagh.

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Mélange de SIGNES, AMYTIVILLE et POLTERGEIST, DARK SKIES, plus thriller psychologique d'anticipation que véritable film d'horreur, est la bonne surprise de ce début d'été apportée par un réalisateur qui, avec à son actif des titres comme PRIEST (2011), LEGION, L'ARMÉE DES ANGES (2010) ou encore la récente série SyFy DEFIANCE, nous avait habitué à des œuvres plus stylisés. Ici, le réalisme de ses personnages, le travail de sa photographie, sa trame scénaristique soutenue et une narration sans bavardage font la réussite du film… D'autant qu'il a le difficile devoir de rivaliser avec l'actualité des sorties en salles, programmé entre les blockbusters que sont STAR TREK INTO DARKNESS, MAN OF STEEL et WORLD WAR Z.

29 juin 2013