Les Merveilles de la création

(Wunder der Schöpfung)

 L'histoire

La lune, le soleil, les étoiles, l'espace ont de tout temps captivé l'imagination de l'Homme. Petit à petit les érudits ont percé quelques mystères des cieux. Voici un voyage aux confins de notre galaxie à bord d'un vaisseau spatial terrien dont la mission consiste à découvrir les splendeurs livrées au-dessus de nos têtes, les merveilles de la création…

Des expériences toutes simples pour faire d'efficaces démonstrations - Les Merveilles de la création (Wunder der Schöpfung)
Des expériences toutes simples pour faire d'efficaces démonstrations

Le petit mot du Doc

WUNDER DER SCHÖPFUNG (les merveilles de la création) est une perle rare du cinéma allemand. Réalisée en 1925 (soit deux ans avant METROPLIS) par Hans Walter Kornblum, cette superproduction en couleurs (mi-colorisée mi-noir & blanc pour être exact) de 92 minutes et à vocation pédagogique, nécessita des moyens humains et techniques considérables. Par le prétexte d'un voyage interplanétaire, il s'agit en fait d'un formidable cours d’astronomie qui emmène le spectateur de la Terre jusqu'au fin fond de la Voie Lactée.

Plus un documentaire qu'une fiction en ce sens qu'il ne s'attache à aucun moment à ses personnages, WUNDER DER SCHÖPFUNG s'emploie à démystifier l'Univers et à en expliquer clairement son fonctionnement et les interactions de ses éléments à grand renfort d'animations, de schémas et d'expériences, à commencer par les secrets longtemps ignorés de la Terre elle-même. Pas moins de quatre professeurs d'Université se sont assurés de la précision des points scientifiques relatés et des faits historiques dépeints.

Le film fait partie des plus grandes réalisations allemandes des années 20. Produit par les studios allemands UFA pour la somme astronomique de 700.000 dollars (ce qui est tout bonnement énorme pour cette époque), le film mit à l'œuvre des centaines d’artisans, 15 spécialistes des effets spéciaux et 9 opérateurs qui travaillèrent à combiner scènes documentaires, éléments de fiction et scènes d’animation. Sa préparation a duré deux ans et demi sous la surveillance de Kornblum.

Saturne et ses anneaux - Les Merveilles de la création (Wunder der Schöpfung)
Saturne et ses anneaux

Le film, au scénario méticuleusement structuré, est découpé en sept parties, chacune introduite, soit par une citation du poète Goethe, soit par un passage de la Genèse, ce qui ajoute à cette expérience cinématographique un côté biblique qui contrebalance l'aspect scientifique du propos. Le message est clair : bien que l'homme commence à comprendre l'univers qui l'entoure, Dieu reste seul maître à bord. D'ailleurs le film n'omet pas de décrire l'apocalypse de la fin du monde par l'entremise de sa collision avec un météore.

Sept parties donc. Cela commence par un historique des connaissances humaines de la Terre, du ciel et de l'espace. Cela débute avec les Babyloniens et les Chinois. On découvre que la Terre est ronde et qu'elle n'est pas le centre de l'Univers comme on le croyait jusque-là. On fait la connaissance de Copernic qui le premier (au risque de sa vie, inquisition oblige) place le soleil au centre de l'univers ; Kepler découvre les orbites elliptiques des planètes autour du soleil ; l'invention du télescope permet à Galilée de discerner les lunes de Jupiter ; Isaac Newton énonce la loi universelle de la gravitation…

Cela se poursuit par l'étude des astres visibles à l'œil nu, à commencer par notre satellite naturel, la Lune. On y explique ses croissants, son influence sur les marées. On découvre les étoiles et l'on nomme les constellations. Les comètes, les météores et les étoiles filantes ne sont pas oubliées…

Le soleil est à son tour étudié, ses protubérances et leurs incidences sur notre planète, l'origine des aurores boréales, les éclipses solaires. Son impact sur les saisons, la notion de méridiens, les fuseaux horaires.

Un engin spatial décolle en direction des étoiles - Les Merveilles de la création (Wunder der Schöpfung)
Un engin spatial décolle en direction des étoiles

Et puis, décidant de voir au-delà, l'homme embarque à bord d'un vaisseau spatial propulsé "à l'électricité". Il s'arrache de la gravité terrestre pour découvrir les astres d'une autre manière.

Cap vers le bout de la galaxie. Toutes les planètes de notre système sont passées en revue. On débarque sur Mars et sur Jupiter le temps de démontrer les conséquences du changement de gravité, puis on atteint Neptune, la plus éloignée (Pluton sera seulement découvert en 1930).

On quitte le système solaire pour le monde des "étoiles fixes". Aux portes de l'infini, à 95 billions de km de la Terre on se retourne et on allume le poste de télévision qui diffuse des programmes vieux de 10 ans : c'est le passé que l'on voit ! Arrivé au bout de la Voie Lactée, le vaisseau fait demi-tour : il est temps de rentrer.

Est-ce la fin du monde qui nous attend ? - Les Merveilles de la création (Wunder der Schöpfung)
Est-ce la fin du monde qui nous attend ?

Ce voyage nous a appris que le temps est aussi une dimension de l'univers. Les étoiles ne sont pas à la même place qu' hier et seront ailleurs demain. On assiste au miracle de la création d'une étoile, à celui de la naissance de la Terre, mais aussi à sa mort plausible via l'hypothèse d'un choc des mondes !

Aujourd'hui encore WUNDER DER SCHÖPFUNG s'avère être un film pédagogique redoutablement efficace et complet, particulièrement intelligent. C'est un régal que de plonger dans ces explications basiques mais efficaces qui en font une œuvre de vulgarisation indémodable. Et sous son petit air de science-fiction, on ne sombre jamais dans l'ennui : certaines démonstrations (telle celle d'un monde sans gravité) s'avèrent parfois comique. Oui, les techniques d'animations pourront faire sourire le spectateur moderne que nous sommes mais cela fait partie du charme de cette œuvre qui, rappelons-le, est âgée de 85 ans !