Star Trek II : la colère de Khan

(Star Trek: The Wrath of Khan)

 L'histoire

2285, Académie de Starfleet. L'Amiral Kirk entraîne les nouveaux cadets. Parmi eux se trouve Saavik, une jeune protégée de Spock qui vient d'échouer au Kobayashi Maru, un scénario test "sans-gagnant" utilisé pour évaluer le potentiel de commandement des recrues. Saavik pilote l'Enterprise hors des docks spatiaux pour une mission d'entraînement.

Pendant ce temps là, sur le laboratoire spatial Regula 1, le Docteur Carol Marcus, ancien amour de Kirk, et son fils David, terminent la simulation finale du projet Genesis, une expérience destinée à créer la vie là où il n'y en a pas. Carol Marcus est consciente que le projet Genesis pourrait, dans de mauvaises mains, se transformer en une arme redoutable. Au même moment L'USS Reliant arrive sur Ceti Alpha VI avec pour mission de rechercher un possible site de test pour Genesis, un lieu exempt de toute trace de vie. Lorsqu'ils se rendent sur sa surface, le Capitaine Terrell et Chekov sont confrontés à Khan Noonien Singh, un ancien tyran des guerres Eugéniques Terriennes, exilé sur la planète en 2267 par le Capitaine Kirk. Khan tient sa vengeance : il prend le contrôle du Reliant.

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Sur le laboratoire spatial Regula 1, le Docteur Marcus est contacté par le Reliant qui l'informe que Starfleet doit prendre possession du système Genesis. Furieuse de cette usurpation des droits par Starfleet, Carol Marcus contacte Kirk et exprime son outrage. Bien que Kirk, Spock, McCoy, Uhura et Sulu soient en mission d'entraînement pour les cadets, l'équipage décide de se rendre sur Regula 1 pour enquêter sur la plainte du Docteur Marcus. A leur arrivée l'Enterprise est inexplicablement prise pour cible par le Reliant. Les dégâts sont considérables, sans boucliers l'Enterprise est à la merci de Khan qui se révèle et demande à Kirk de lui fournir les informations de Genesis. Par un coup de bluff majestueux, Kirk reprend le dessus. L'Enterprise endommage le Reliant, forçant le vaisseau capturé à s'effacer pour un moment.

Lorsque Kirk aborde Regula 1 il découvre que de nombreux scientifiques ont été torturés et tués. Les traces du téléporteur le mènent sous la surface de la planète où il retrouve David et Carol Marcus qui révèle à Kirk qu'il est le père de David. En leur possession se trouve aussi la torpille Genesis tant convoitée par Khan. Ce dernier parvient à téléporter l'engin à bord du Reliant abandonnant à jamais Kirk et son équipe sur la planète… juste retour des choses. Mais tandis que le tyran part pour Regula 1, Kirk, qui avait préparé son coup, remonte à bord de l'Enterprise.

Le Reliant réparé et sous le control de Khan recherche obstinément l'USS Enterprise pour en découdre. Laissée sans hyper propulsion dans la précédente escarmouche, l'Enterprise se cache derrière la nébuleuse de Mutara. Kirk prend le dessus sur son adversaire qui, dans un espoir désespéré de vengeance, arme la torpille de Genesis, sachant pertinemment que les deux vaisseaux seront détruits par sa détonation. Sans hyper propulsion, l'Enterprise est mise à mort. Dans une ultime et folle tentative au péril de sa vie, Spock entre dans la chambre de radiation pour effectuer la réparation salvatrice …

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Le petit mot du Doc

Bien que dirigé de mains de maître par le grand Robert Wise, STAR TREK : LE FILM (1979) n'est pas un franc succès. Plus proche de 2001 L'ODYSSÉE DE L'ESPACE que de LA GUERRE DES ÉTOILES, il peine à accrocher les fans de la série. Sa suite, STAR TREK II : LA COLÈRE DE KHAN sera de loin le plus acclamé des longs-métrages de Star Trek. Plus ancré dans l'action et opérant un réel retour aux sources, le film va non seulement relancer la franchise en dictant la direction qu'elle va prendre mais il va également ouvrir la voix à plusieurs suites sur grand écran.

Première conséquence du pseudo échec du film de Wise, Paramount écarte Gene Roddenberry des rouages principaux de ce deuxième volet, reléguant le père de Star Trek au rang de consultant. C'est au producteur Harve Bennett qu'est confié le nouveau script avec un maître-mot : le contrôle du budget. Un challenge si l'on considère qu'il ne connait pas la série. Conscient de cette lacune, Bennett rattrape alors son retard et en visionnant les 3 saisons de la série (classique il va de soi) il choisit d'appuyer son récit sur l'épisode "Les derniers tyrans" auquel il souhaite donner une suite. Il lui faut un véritable méchant que le film de Wise n'offrait pas vraiment et l'impitoyable et arriviste Khan découvert dans cet épisode est parfait pour le rôle. Surhomme génétiquement amélioré, il est l'un des survivants du SS Botany Bay abandonné par Kirk sur l'inhospitalière planète Ceti Alpha V. Et il a décidé de se venger ! Vilain préféré des fans de tous les films de Star Trek, Khan Noonien Singh est joué par le charismatique Ricardo Montalban qui interprétait déjà ce rôle dans l'épisode inspirateur des années 60. L'acteur qui finissait alors la 6ème saison de la série L'ÎLE FANTASTIQUE - interprétant le célèbre M. Roarke qui l'a rendu célèbre - accepte tout de suite de reprendre le costume du tyran.

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Question casting, Paramount doit faire face à un problème. Comme il l'avait écrit dans sa première autobiographie en 1975 intitulée "I am not Spock" (Je ne suis pas Spock), Leonard Nimoy a décidé de ne plus interpréter le rôle du Vulcain ni de jouer dans un quelconque autre Star Trek. Pour le convaincre de participer à ce nouveau long-métrage, Harve Bennett lui propose alors une scène dans laquelle il va mourir. Persuadé que ce film serait le dernier de la franchise et que cela lui permettrait de mettre un terme définitif à son rôle, le comédien accepte. La mort de Spock devait intervenir très tôt dans le scénario, mais la rumeur vint aux oreilles des fans mécontents. La sortie du Vulcain fut remise à plus tard et Nicolas Meyer, le réalisateur, ajouta alors la scène du Kobayashi Maru qui fit croire à la mort de Spock dès le début du film, perturbant ainsi les spectateurs qui pensaient connaître le script. Pour dire tout l'impact qu'a eu STAR TREK II : LA COLÈRE DE KHAN, la scène du Kobayashi Maru sera reprise dans le reboot de J.J. Abrams : STAR TREK (2009).

La mort de Spock devait être définitive. Pourtant Leonard Nimoy commençait à prendre du plaisir avec son personnage et finalement, sa fin, bien qu'inévitable, le rendit amer. Bennett offrit une possibilité de remédier au problème en demandant à Leonard Nimoy de faire quelque chose dans sa dernière scène qui pourrait amener à penser qu'une résurrection soit possible : de lui-même l'acteur improvisa en plaçant sa main sur la tempe de McCoy en disant "Souvenez-vous". Sans trop savoir lui-même ce que cela pourrait engendrer, le rendez-vous était pris. Nimoy passera d'ailleurs à la direction du film suivant et utilisera ce schéma comme point de départ à l'histoire de STAR TREK III : A LA RECHERCHE DE SPOCK.

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Pas plus que Wise à l'époque, Nicolas Meyer ne connaissait la franchise Star Trek. Pourtant, à partir des trois scripts produits par Jack Sowards, Samuel Peeples et Harve Bennett, il en réécrira une mouture en 12 jours, extirpant le meilleur de chaque essai ; cela sans être défrayé afin de donner toute sa chance au film. Un script qui ne plaisait pas à Roddenberry mais qui n'y pouvait rien ! Meyer réécrira à nouveau le scénario en 4 jours pour finir de convaincre Leonard Nimoy de reprendre son rôle une dernière fois. Aux commandes du superbe C'ÉTAIT DEMAIN trois ans plus tôt, le réalisateur fait le maximum pour donner à son film une forte connotation maritime, dans ses actions, dans son look, dans ses dialogues. Il apporte également la dynamique qui manquait au premier film. Le cinéaste reviendra aux commandes de STAR TREK VI : TERRE INCONNUE et coécrira STAR TREK IV : RETOUR SUR TERRE. On lui proposera même de prendre les rennes de STAR TREK : NEMESIS, mais il refusera par manque de contrôle créatif.

Le tournage principal débute le 9 novembre 1981 et perdure jusqu'au 29 janvier 82. Pour respecter son engagement budgétaire vis-à-vis du studio, Harve Bennett use de tous les stratagèmes possibles et en particulier de la réutilisation d'un grand nombre de décors, d'accessoires, de costumes et de maquettes du film précédent. Avec un coût total de 11 millions de dollars, STAR TREK II : LA COLÈRE DE KHAN devient le film de Star Trek le moins cher, inflation comprise (il en coûta quelques 46 millions de dollars à Paramount pour produire l'opus précédent). Le film fera partie des 6 plus gros scores de l'année 82 et rapportera 78 millions de dollars, s'offrant même le luxe de briser le record du meilleur premier jour mondial.

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C'est ILM (Industrial Light & Magic) qui est chargée de composer les effets spéciaux du film. Les techniciens de la société de George Lucas fondée pour LA GUERRE DES ÉTOILES vont pour la première fois créer une scène complète entièrement réalisée en CGI (Computer Generatied Imagery : image générée par ordinateur) : ce sera pour marquer les effets de Genesis, transformant le gros caillou que représente la planète Ceti Alpha V en une planète luxuriante de vie et de végétation.

Enfin, sachez que le film devait à l'origine s'intituler THE UNDISCOVERED COUNTRY. Ce titre sera finalement réservé au 6ème film de la série, le 2ème dirigé par Nicolas Meyer. Un temps on lui prêta même le titre THE VENGEANCE OF KHAN. Meyer le trouvant ridicule et Paramount ayant peur de s'attirer les foudres de Lucas qui préparait un certain REVENGE OF THE JEDI, on lui choisit finalement THE WRATH OF KHAN (la colère de Khan).

17 octobre 2012