Star Trek Into Darkness

(Star Trek Into Darkness)

 L'histoire

Alors qu'il rentre à sa base, l'équipage de l'Enterprise doit faire face à des forces terroristes implacables au sein même de son organisation. L'ennemi a fait exploser la flotte et tout ce qu'elle représentait, plongeant notre monde dans le chaos… Dans un monde en guerre, le Capitaine Kirk, animé par la vengeance, se lance dans une véritable chasse à l'homme, pour neutraliser celui qui représente à lui seul une arme de destruction massive. Nos héros entrent dans un jeu d'échecs mortel. L'amour sera menacé, des amitiés seront brisées et des sacrifices devront être faits dans la seule famille qu'il reste à Kirk : son équipe.

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Le petit mot du Doc

STAR TREK INTO DARKNESS est le douzième film de la franchise Star Trek, et le deuxième opus moderne érigé sous l'impulsion du réalisateur / producteur J.J. Abrams. Après un premier reboot dont personne n'espérait grand chose et qui a pourtant créé la surprise, on attendait l'équipe au tournant. Dans le STAR TREK de 2009, un groupe de jeunes explorateurs – indéniablement prometteurs, mais fauteurs de troubles –, tout juste sortis de l'Académie, avait connu leur baptême du feu : leur premier voyage dans l'espace… C'était une épreuve cruciale destinée à évaluer leur intelligence, leur loyauté et leurs compétences. Après avoir appris à ne compter que sur eux-mêmes, les jeunes recrues de l'U.S.S. Enterprise doivent désormais plonger encore plus avant dans les ténèbres infinies, en plein XXIIIe siècle, tandis que de sinistres forces menacent l'intégrité de notre planète …

STAR TREK INTO DARKNESS est résolument orienté vers l'action, et on y entre d'ailleurs de plein pied ! Et pour cause, il n'est plus besoin de présenter les personnages, ce qui a été fait dans l'opus précédent où tout a été repris à zéro. L'ouverture de cette suite, qui n'est pas sans rappeler celle de LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE (1981), voit ici le jeune James T. Kirk et son ami Bones poursuivis par un peuple d'indigènes (au look typiquement Trekien) et armés de lances. Ils en veulent manifestement à leur peau. Ici il n'est pas question de riposter mais de faire profil bas et de quitter les lieux, si possible, sans se faire remarquer afin de ne pas violer la directive première (règle de Starfleet qui interdit toute ingérence dans l'évolution des civilisations rencontrées et des mondes visités). Mais avec le fougueux Kirk, ce n'est pas gagné. Bref une introduction qui d'emblée nous prend aux tripes et qui joue parfaitement son rôle de remise en jambes pour les spectateurs qui avaient quitté nos héros voilà 4 ans. Pour être fidèle au credo de la saga, J.J. Abrams savait que pour ce deuxième voyage il devait aller encore plus loin. Et en particulier il se devait d'explorer plus avant ses personnages.

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Son tempérament audacieux et sa tendance à ne pas respecter le protocole continuent d'opposer Kirk à Starfleet, et cela même au moment où celle-ci est confrontée au plus grave danger. Kirk et Spock apprennent à mieux se connaître mais, malgré leur incontestable complicité, ils restent caractérisés par leurs différences insurmontables. Dans ce nouveau film, le Vulcain est également amené à se remettre en question : dès l'ouverture Spock voit son sens du devoir, son respect fondamental des règles et son sens du sacrifice mis à l'épreuve par l'attitude de Kirk. Et puis son histoire d'amour improbable avec Uhura a tendance à révéler sa personnalité bien plus qu'il ne le souhaiterait. Zoë Saldana qui joue la xénolinguiste Uhura explique "Je pense que leur attirance dans le premier film a surpris tout le monde, mais le seul moyen de dépasser cela était d'aller encore plus loin". Bones, Scotty, Chekov et Sulu, tous les mythiques membres d'équipage sont de retour…

J.J. Abrams a toujours eu l'ambition de faire un film qui se suffise à lui-même et qui puisse ainsi être vu tout aussi bien par le néophyte que par l'amateur éclairé. Pourtant, le spectateur qui connait un peu la série et surtout les trois premiers films de la franchise, sera plus à l'aise et surtout appréciera d'autant plus cet épisode qui emprunte pour beaucoup à l'histoire de STAR TREK II : LA COLÈRE DE KHAN1 (1982). Abrams ayant recouru au paradoxe temporel pour situer le précédent film dans une réalité alternative, tout devient ainsi possible (comme la destruction de Vulcain !). Et quel plus grand ennemi Star Trek a-t-elle jamais révélé ?

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Cette fois-ci, l'ennemi ne vient pas de l'espace mais de l'intérieur même de Starfleet. Ce terroriste intergalactique dont les instincts de destruction semblent ne connaître aucune limite est connu sous le nom de John Harrison. En réalité, c'est un humain… un peu particulier. Son véritable nom est Khan Noonien Singh, un surhomme génétiquement amélioré. Il a décidé de s'en prendre à Starfleet par pure vengeance. Ricardo Montalban avait interprété ce rôle dans l'épisode des années 60 "Les derniers tyrans", puis avait retrouvé son personnage dans STAR TREK 2. Dès que les scénaristes se sont mis à réfléchir au personnage de John Harrison et à ses liens avec l'univers de Star Trek, ils ont cherché un acteur qui aurait assez de charisme pour l'incarner. Abrams a décidé de prendre une direction complètement inattendue en proposant le rôle à Benedict Cumberbatch, acteur britannique célèbre pour ses rôles dans des séries et films en costumes, comme SHERLOCK (2010), CHEVAL DE GUERRE (2011), REVIENS-MOI (2007), LA TAUPE (2011), ou encore la trilogie du HOBBIT (2012-2014). En 2011, il s’est produit au National Theatre, jouant à la fois le docteur Frankenstein et sa créature, dans une mise en scène de Danny Boyle, une prestation qui lui a valu un Laurence Olivier Award et un Evening Standard Award du meilleur acteur. Pour dire son talent, il paraitrait que Benedict Cumberbatch a auditionné - et impressionné - via son iPhone !

Le pont de l'Enterprise accueille un nouveau membre d'équipage : l'officier scientifique Carol Marcus, qui apporte avec elle son lot de complications. Dans le rôle de la belle scientifique, qui s'inspire d'un personnage de la saga Star Trek (dans l'univers parallèle – et original - de Star Trek, Carol Marcus fut la femme de James T. Kirk dont ils eurent un fils, David, tous deux travaillant sur le projet Genesis dans STAR TREK III : A LA RECHERCHE DE SPOCK [1984] … quand on vous dit qu'il est quand même mieux de connaitre ses classiques !), on retrouve Alice Eve, actrice anglaise à l'affiche de TROP BELLE! (2010), SEX AND THE CITY 2 (2010) et du récent MEN IN BLACK 3 (2012). "Entre elle et Kirk, l'attirance est immédiate", raconte la comédienne.

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Un autre commandant de Starfleet fait son entrée dans STAR TREK INTO DARKNESS. Peter Weller, célèbre acteur, réalisateur et spécialiste d'histoire de l'art a été choisi pour ce rôle. Connu pour sa carrière éclectique qui l'a mené de ROBOCOP (1987) à la série DEXTER (en 2010), il a été séduit par l'idée d'emmener Star Trek dans une nouvelle direction, celle des opérations secrètes de Starfleet et des attaques préventives. C'est complètement par hasard que Weller s'est retrouvé parmi la distribution de Star Trek. Il se trouve en effet qu'il était présent dans les locaux de Bad Robot (la société de production de J.J. Abrams) pour un rendez-vous autour d'un projet totalement indépendant lorsque Abrams a été pris d'une inspiration soudaine : "J'étais en train de lui parler et je n'arrêtais pas de me dire qu'il serait parfait dans le rôle de l'amiral", se rappelle le réalisateur. "Plus tard je l'ai rappelé, je lui ai parlé du rôle et il a dit qu'il était partant. C'est le casting le plus fortuit dont je me souvienne !"

STAR TREK INTO DARKNESS va plus loin que le premier opus, à tout point de vue : il y a des planètes volcaniques, des courses-poursuites de vaisseaux spatiaux et des effets spéciaux spectaculaires. On y découvre même la part amphibie de l'Enterprise ! L'humour et la bonne humeur y sont omniprésents bien que le film aille vers plus de complexité et de noirceur. Pour donner un impact visuel supplémentaire à son film Abrams a pour la première fois utilisé la technologie IMAX ainsi qu'une minutieuse conversion en 3D. Il ne s'agit pas d'une décision que le réalisateur a prise à la légère, car sa ligne directrice était de conserver de l'authenticité. Mais après avoir visionné attentivement les films récents tournés en IMAX et en 3D, après avoir travaillé avec Brad Bird, qui a réalisé MISSION: IMPOSSIBLE - PROTOCOLE FANTÔME (2011) en IMAX, et après avoir partagé avec Christopher Nolan les séquences de THE DARK KNIGHT RISES (2012) tournées en IMAX, Abrams en est venu à la conclusion qu'il était temps d'adopter cette technologie d'avant-garde. Ce format aura finalement été utilisé pour tourner un grand nombre de scènes en extérieur dont la planète Nibiru et son paysage de jungle volcanique, la planète Klingon Kronos, et la course-poursuite à travers Londres.

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Par contre si Abrams a fait le choix de présenter son film en 3D, c'est tout aussi volontairement qu'il a décidé de le tourner en 2D avant de le transformer en 3D en post-production. Volonté peu commune. La raison ? Choisir minutieusement quelle partie de chaque plan devait apparaitre en relief et quelle autre ne le devait pas offrait pour lui plus de souplesse artistique que de filmer directement avec une caméra 3D qui ne laisse aucune alternative.

J.J. Abrams réussit à la perfection ce deuxième opus, participant à la renaissance de Star Trek au cinéma, et permet ainsi à la franchise d'entrer définitivement dans une nouvelle ère. Vu ce qu'est capable de faire le cinéaste d'une série dont il n'a jamais été fan (il l'assume parfaitement), cela est de bonne augure pour le prochain Star Wars qu'il va diriger, une saga pour laquelle, là, il n'a jamais caché son admiration. Pour en terminer avec STAR TREK INTO DARKNESS, on regrettera toutefois deux petites choses : les Klingons modernisés d'Abrams et leurs "oiseaux de proies" ne valent pas les originaux. Et, plus problématique, il serait temps d'expliquer au réalisateur que ses effets "flare2" sont à la longue pénibles !

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1En particulier, le réalisateur fait un fantastique clin d'œil au film en rejouant une scène culte de STAR TREK II : LA COLÈRE DE KHAN mais en inversant les rôles… A vous de la découvrir !

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2Dixit Wikipedia, le facteur de flare ("lens flare" en anglais) est une aberration optique due à une diffusion parasite de la lumière à l'intérieur d'un objectif. Cette diffusion entraine une baisse générale du contraste de l'image obtenue. J.J. Abrams, élevé au super 8 en ajoute systématiquement dans tous ses films et en (trop) grande quantité.

16 juin 2013