Riverworld, le monde de l'éternité

(Riverworld)

 L'histoire

Sur cette plage, une soixantaine de personnages surgissent des vagues. Ils et elles sont nus et ont tous apparemment la trentaine ; or Jeff Hale, astronaute en 2009, sait qu’il a atteint la cinquantaine. Et que sa navette spatiale, heurtée par une pluie de météorites s’est désintégrée en pénétrant dans l’atmosphère terrestre. A ses côtés, Alice Lidell Hargreaves avait quatre-vingt ans… au moment de sa mort. Il semble que dans l’océan il y a eu des Gardiens… Qui les ont réveillé, et maintenant les nourrissent… Ils ont tous été ressuscités.

Consternés, les « arrivants » découvrent rapidement de minuscules containers où ils trouvent de quoi se vêtir ; puis sont attirés à proximité de la plage, par des tours surmontées de flammes qui s’avèreront, grâce aux petites boites, des réserves de nourriture. Où sont-ils ? Pourquoi la plupart d’entre elles et eux se souviennent d’être décédés ? Pourquoi paraissent-ils tous avoir le même âge ? Qui les a amenés là ? Et pourquoi ?

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Sans réponses, ils doivent convenir néanmoins rapidement qu’ils et elles viennent tous d’époques différentes, jusqu’à ce Néanderthalien qu’un d’entre eux tuera sans pitié. Et soudain surgissent des cavaliers armés, menés par Waldemar ; c’est une tribu Vandales ; ils viennent les capturer, les traînent jusqu’à leur camp. Là, très vite, a lieux le premier tri : il y aura ceux, assez costauds pour cela, qui seront mis dans l’arène, pour les sinistres jeux de cirque de leurs cruels ravisseurs ; celles qui rejoindront le harem du chef et de ses subalternes ; et le reste, en esclavage, ou exécutés… Parmi les captifs, un romain, Lucius Démitius, citoyen de la ville de Rome ; et une prophétesse d’une tribu africaine, morte dans les cales d’un navire négrier ; et Lev, victime de l'Holocauste ; ainsi qu’une femme, Gwen, redevenue une enfant,– la seule enfant du lieux… Et puis il y a Monat, un extraterrestre du système solaire Tao Céti, mort sur Terre (car tous sont morts sur Terre)… Celui-ci apprend à Hall qu’il était venu prévenir la Terre de l’arrivée d’un astéroïde et du danger de sa prochaine destruction. On ne le cru pas, il fut tué. Et le 18 juin 2039, la planète est morte ! Pourtant quelqu’un voulu sauvegarder l’espèce et a ressuscité sa population… dans sa totalité… à travers les siècles, depuis les origines !

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Dès la première nuit de captivité, Hall est libéré par un être mystérieux, qui ressemble à celui qui l’a ressuscité dans ses premières visons sous-marines… Il parvient à s’enfuir, et le lendemain, suivant la caravane des prisonniers que les Vandales ramènent à leur château, il va tenter de libérer Monat et Gwen. Pour cela, déguisés en soldat barbare, il devra attendre de s’être introduit dans le fort qui surplombe un fleuve impressionnant. Mais pour les prisonniers, les jeux sanglants débutent dès l’arrivée. Monat et Gwen repèrent, au sommet du trône de Waldemar, une étrange pierre incrustée, qui s’avèrera être de paladium, un matériau aux pouvoirs puissants… Au cours des combats dans l’arène, c’est l’hécatombe. Mais Lucius qui en est sorti vainqueur, aperçoit, au côté de Waldemar, Flavius, un garde prétorien ; et soudain ce dernier reconnaît son maître : Néron !

Aidé par l’alien, Hall s’engage à sa suite dans un long périple qui fini par les mener, avec d’autres évadés, dans une autre communauté. C’est là que vit Monat depuis deux ans. Leur chef est Sam Clemens ; son profond désir est de remonter le fleuve gigantesque. Pour cela, il fait construire depuis plus de six ans, d’après ses propres plans inspirés des modèles qu’il pilotait sur Terre le long du Mississipi, un formidable bateau à aubes nommé «Le tout pour le tout ». Car Sam Clemens est le vrai nom de Mark Twain.

Depuis le début de son aventure Hall voit ce navire dans les visions qui l’agressent. Quelles sont-elles véritablement ? D’où viennent-elles ? Ou de qui ? A quel futur veulent-elles préparer Hall ? Sur quelle planète ?...

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Le petit mot de Francis SCHALL

En fin de ce résumé, nous en sommes à la moitié du téléfilm. Tout le reste ne sera consacré qu’à l’achèvement du bateau et à diverses attaquent et bagarres, parsemées d’informations mystérieuses dont nous n’aurons jamais de conclusion. Le film s’achève quand il aurait pu décoller : au moment du départ pour la remontée du Fleuve.

"Le Monde du fleuve" (To Your Scattered Bodies Go), roman de science-fiction signé par l'écrivain américain Philip José Farmer, parait en 1971. Et il obtient le Prix Hugo du meilleur roman1 l’année suivante. C’est le premier tome d’un cycle intitulé "Le Fleuve de l'éternité" développé en cinq volumes ; suivent : "Le Bateau fabuleux", "Le Noir Dessein", "Le Labyrinthe magique" et "Les Dieux du fleuve". Ce cycle est un des plus formidable de la littérature de science-fiction, avec celui de "Dune" de Frank Herbert, des "Princes d’ambre" de Roger Zelazny, ou encore celui d’"Hypérion" de Dan Simmons. Le téléfilm est basé sur les deux premiers volumes de la saga. Il fallait pour l’adapter une équipe et un réalisateur exceptionnels (et encore… nous avons vu ce qu’à donné DUNE, malgré le formidable talent de David Lynch !...). "Le Monde du fleuve" a été réadapté pour la télévision en 2010 par Stuart Gillard, sous le titre de RIVERWORLD, LE FLEUVE DE L'ÉTERNITÉ. Sans plus de succès !

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…Car il faut le dire clairement : ce pilote d’une série télévisée est un échec complet. Heureusement que la série n'a pas abouti, nous aurions sans doute dû subir le pire. D’abord il prend quantité de libertés, sans raisons apparentes, avec le texte original. Par exemple, le jeu littéraire et imaginatif est en premier lieux avec la présence de personnages historiques : l’explorateur Richard Francis Burton, Samuel Clemens alias Mark Twain, Alice Hargreaves, patronyme de femme mariée de Alice Liddell qui inspira celle de Alice au pays des merveilles, le roi Jean Sans Terre, l’auteur Savinien de Cyrano de Bergerac, qui un des premier écrivit de la SF, ou encore le nazi Hermann Göring. Il y a même jusqu’à un personnage secondaire, Peter Jairus Frigate, qui n’est autre que Philip José Farmer lui-même. Dans RIVERWORLD, LE MONDE DE L'ÉTERNITÉ, tout cela disparaît, ou presque ! Et tant d’autres merveilles et de surprenantes inventions, d’extraordinaires visions ! Là, ne reste qu’un triste squelette, un téléfilm tout venant, sans imagination, et encore moins de présence d’un réalisateur. Du produit standard pour après-midi pluvieux avec rage de dent. Zéro ! Acteurs inexpressifs pour la plupart (exception faite d’ Emily Lloyd / Alice Lidell Hargreaves) ou grimaçants : on dirait une démo de Lie to me ! Mise en scène totalement absente, scénario au ras des sentiments les plus médiocres. Même les décors sont sous-exploités : le tournage s'est déroulé en Nouvelle-Zélande... voir ce qu’à sût en faire Peter Jackson avec son SEIGNEUR DES ANNEAUX ! Ici, de la carte postale… Et Néron qui apparaît là en prime ; on aurait dû se méfier, c’était signe qu’on voulait nous torturer…

Francis Schall

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1 Le prix de SF internationalement le plus prestigieux, du prénom du précurseur et créateur du terme « science-fiction » Hugo Gernsback.

16 juin 2012