La possibilité d'une île

(La possibilité d'une île)

 L'histoire

Fils d’un gourou d’une secte dérisoire, Daniel1 fait des mots croisés en attendant que sa vie prenne un sens. Il traîne. Silencieusement. Indifférent finalement aux transports du monde actuel. À ses loisirs comme à ses peines.

Daniel25 (vingt-quatrième descendant, par reproduction artificielle, de Daniel1) vit silencieusement dans une cellule souterraine, rivé sur les images satellite d’un monde extérieur désert, contaminé, dévasté par des guerres ethniques et religieuses qui ont conduites à des conflits nucléaires, des épidémies incontrôlables, et surtout, des catastrophes climatiques d’une ampleur inédite. Comment Daniel1 a-t-il rendu possible Daniel25 ? Peut-être en passant par une île, un territoire isolé sur lequel Daniel1 se posant enfin des questions sur l’avenir du monde, admet l’hypothèse scientifique et biologique d’une possible éternité humaine. Peut-être en étant le premier à accepter de disparaître au profit d’un autre lui-même, un mutant, un « surhomme ». Un survivant à tout. Mais seul, quel est le sens de la survivance ?

Image

Le petit mot du Doc

Auto adaptation libre de son propre livre à succès, LA POSSIBILITÉ D'UNE ÎLE constitue le premier long métrage destiné au cinéma de Michel Houellebecq. Le film qu'il nous propose est une autre lecture du livre duquel il occulte toute une partie, ne conservant que la plus retenue des lecteurs. "Un livre c’est une chose, ce que les gens en retiennent en est une autre", Explique-t-il. Ce film d’anticipation propose une vision du futur qui soulève de nombreuses questions sur l'immortalité.

Daniel - La possibilité d'une île
Daniel
Le prophète - La possibilité d'une île
Le prophète

LA POSSIBILITÉ D'UNE ÎLE a été réalisé sans aucune subvention, l'écrivain intervenant en tant que co-producteur à concurrence de 50% : "Je suis très sincèrement haï par quasiment tout ce qui est culturel en France. Pour différentes raisons, mais le fait est là. Je n’ai donc eu aucune subvention. Je suis tricard partout, sauf dans le milieu de l’art contemporain ! Là on peut présenter un dossier sur mon nom, ça marche ! C’est très bizarre…" confie l'écrivain.

Malgré les difficultés qu'allaient trouver l'expérience, Houellebecq, qui ne cache pas son goût pour le cinéma de divertissement, de science-fiction et d’anticipation, avait envie d'essayer. Ne maîtrisant sans doute pas toutes les ficelles de la création cinématographique, il a du adapter le scénario en fonction des acteurs choisis… et du chien qui n'a pas toujours exécuté ce que le réalisateur attendait de lui. "Le soir, en visionnant les images, je me suis dit que le chien et l’homme n’avaient pas l’air de s’aimer du tout. Ils n’avaient pas l’air de vieux compagnons. Ça ressemblait beaucoup plus à une rencontre entre deux êtres. J’ai réécrit le scénario en fonction d’une histoire où l’acteur rencontre le chien à sa sortie de la caverne. C’était le gros évènement du film. Le scénario a basculé", explique Houellebecq. "Certaines scènes étaient impossibles à réaliser, le chien, par exemple, avait une place plus importante au départ. On s’est vite retrouvé face à des difficultés de jeu et d’intention qui devaient passer à travers le rôle du chien, qui ne pouvait exprimer les émotions décrites dans le scénario. C’est pour cette raison que Michel a prit la décision de changer l’histoire avec le chien à la moitié du tournage", ajoute l'acteur Benoît Magimel.

Marie 23 - La possibilité d'une île
Marie 23

En fin de compte, Michel Houellebecq s'accorde à dire que LA POSSIBILITÉ D'UNE ÎLE est un film poétique. Il l'est sans aucun doute. Mais avec son scénario peu dialogué, le manque désespérant d'action et de passion, le film, qui choisit d'accorder son importance aux regards, aux silences (le générique de fin même est exempt de musique), s'apparente à un cinéma d'auteur qui rebutera sans doute le plus un grand nombre, gâchant par là même le plaisir d'un thème pourtant riche en possibilités.