Menace Andromède

(The Andromeda Strain)

 L'histoire

Un satellite s'écrase près de Piedmont, une ancienne ville minière de l'Utah proche d'un parc national isolé. L'arrivée de l'objet a tué tous ses habitants en quelques secondes, transformant leur sang en poudre. Un agent infectieux baptisé Andromède en est la cause. La zone est placée en quarantaine et la procédure "Wildfire" est lancée. Le Général Mancheck qui dirige le département biologique de la défense et qui mène les opérations, dépêche un petit groupe d'éminents scientifiques désignés pour travailler sur les contaminations extrêmes : l'épidémiologiste Jeremy Stone, la pathologiste Charlene Barton, la neurochirurgienne et biologiste Angela Noyce, le virologue et microbiologiste Major Bill Keane et le microbiologiste Tsi Chou.

Après avoir récupéré le satellite et les deux uniques survivants de Piedmont - un vieillard et un bébé - chacun rejoint le laboratoire scientifique souterrain ultra-secret situé en plein désert. Le laboratoire Wildfire est construit sur cinq niveaux, tous souterrains, autour d'un axe central à la base duquel se trouve sa source d'énergie : un petit réacteur nucléaire qui en cas de contamination accidentelle est programmé pour détruire le centre. Menée par le docteur Stone, qui a supervisé la création de ce laboratoire dernier cri, l'équipe doit en passer par une drastique phase de décontamination.

La procédure "Wildfire" est lancée - Menace Andromède (The Andromeda Strain)
La procédure "Wildfire" est lancée

Ils découvrent que la menace se dissimule dans une substance noire artificielle, une nanotechnologie qui possède des années lumières d'avance. Les tests effectuées démontrent que le virus véhiculé par l'air ne possède pas d'ADN : pas de doute, il s'agit d'un agent extra-terrestre.

Bien que top secret, une vidéo des horreurs de Piedmont a été interceptée par le journaliste enquêteur Jack Nash. Celui-ci découvre que le "satellite météo" est en réalité un élément faisant partie du projet "Scoop". Pour ses détracteurs gouvernementaux - certains pas toujours en règles avec la déontologie et ayant des choses à se reprocher - Nash devient un danger qu'il faut éliminer. Pour éviter tout risque de nouvelle fuite, le Général Mancheck impose le silence à Wildfire en coupant toutes les communications extérieures, prétextant une simple panne matérielle. Mais malgré le blackout des communications, Stone parvient à contacter Nash et menace Mancheck de faire exploser la vérité si celle du projet Scoop ne leur est pas révélée. Mancheck doit se résigner : il y a plusieurs années la Nasa a découvert une distorsion dans l'espace-temps menant à la création d'un vortex fonctionnant comme une porte pouvant relier des points éloignés de la galaxie. Le projet Scoop était un des nombreux essais tentant d'analyser le phénomène, capable de récupérer d'éventuels organismes vivants dans le but inavoué d'en fabriquer une nouvelle arme biologique. C'est alors que le satellite s'est sans explication écrasé sur Piedmont.

Stone s'envole pour Piedmont - Menace Andromède (The Andromeda Strain)
Stone s'envole pour Piedmont

Furieux d'avoir été tenu à l'écart de ces informations qui auraient sans doute permis à l'équipe un gain de temps précieux, Wildfire recommande de détruire Piedmont par le feu nucléaire. Alors qu'un chasseur s'apprête à détruire l'objectif, Wildfire découvre qu'Andromède se nourri de radiations : le bombarder ne ferait que le renforcer. Stone parvient in extremis à faire annuler la mission. Mais, le jet s'écrase et libère la bombe atomique qui explose. Andromède s'est adapté et, maintenant capable de dévorer plastique, résines et gommes, a fait de l'avion de chasse sa première victime… La menace biologique a maintenant franchi le périmètre de la zone infectée.

Le petit mot du Doc

Le projet de MENACE ANDROMEDE remonte à 1997. A l'origine, c'est Universal Pictures qui possédait les droits du livre de Michael Crichton : "La variété Andromède", publié en 1969 et qui permit à l'écrivain techno thriller de se faire connaître du public avec plus de trois millions d'exemplaires vendus. La firme hollywoodienne avait déjà fait de cette œuvre une célèbre première adaptation cinématographique, LE MYSTERE ANDROMEDE (1970), mise en images par le grand Robert Wise, habitué de la science-fiction à qui l'on doit entre autres LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA (1951) et plus récemment STAR TREK : LE FILM (1979). Lorsque les droits sont devenus disponibles, cela a été le moment pour le réalisateur Mikael Salomon de se lancer à son tour dans l'aventure Crichton, aidé en cela par les producteurs exécutifs Ridley Scott (ALIEN, BLADE RUNNER) et Tony Scott (TOP GUN).

Jack Nash, un journaliste à abattre - Menace Andromède (The Andromeda Strain)
Jack Nash, un journaliste à abattre

Pourtant, MENACE ANDROMEDE n'est pas totalement basé sur le livre de Crichton mais s'avère davantage être le remake du film de Wise, se définissant donc comme une nouvelle version contemporaine. Il est vrai qu'en presque quarante ans la technique a fait bien des progrès, même si le film de Robert Wise présentait déjà une technologie dernier cri. Et de technologie à la pointe, ce film n'en manque pas : écrans déroulables, bras robotiques contrôlées pas écrans tactiles, ordinateur à synthèse vocal, téléphones vidéo, laboratoire ultrasophistiqué, etc.

Mais à réaliser un film de trois heures, il fallait aussi le nourrir de nouvelles intrigues. Tandis que l'adaptation de Wise suivait de près le roman, producteurs, scénariste et réalisateur ont ici fait le choix d'inscrire l'histoire à partir d'un point de vue supplémentaire, celui du journaliste Nash. Non seulement cela permet un point d'action pour suivre ce qu'il se passe à la surface, alors qu'une grande partie du film se déroule dans le laboratoire Wildfire, mais en évitant ainsi un huis clos trop claustrophobe, son habile emploi permet d'enrichir la narration d'un complot qui apparaît ni dans le roman de Crichton, ni dans le film de Wise. Et puis, là où LE MYSTERE ANDROMEDE fait fi de la provenance du virus, MENACE ANDROMEDE prend le temps de l'expliquer, confirmant, s'il en était besoin, l'immersion totale du scénario dans la science-fiction. Nous sommes donc ici en présence d'un canevas particulièrement étoffé, parsemé d'habiles flash-back, qui laisse finalement peu de temps morts.

Jeremy Stone et Angela Noyce - Menace Andromède (The Andromeda Strain)
Jeremy Stone et Angela Noyce

Toutefois, le film reprend avec brio un bon nombre de scènes et de plans de l'oeuvre de Wise : le sang qui s'échappe en fine poudre d'une veine mutilée ; la séquence de décontamination qui se défend très bien face à la magnifique séquence du maître (qui d'ailleurs n'en finissait plus de longueur sans toutefois lasser), le réalisateur faisant usage d'une caméra spéciale capable de tourner mille images à la seconde pour des ralentis de toute beauté ; l'élément étranger, c'est à dire "la personne la plus apte à prendre les bonnes décisions en cas de crise", un homme célibataire (ici le docteur Keane) en opposition à une femme (le docteur Ruth Leavitt dans le film de 1973) ; etc. Et quelques clin d'œil dont le plus notable reste la réutilisation de plans découpés pour filmer deux interlocuteurs à deux endroits différents, technique parfaitement exploitée lors des conversations téléphoniques. Autres clins d'oeils à d'autre productions : la table de conférence Wildfire faisant penser à la réunion à bord du Nostromo (ALIEN - 1979) ; l'attaque massive des rapaces en remake de LES OISEAUX (1963) d'Alfred Hitchcock.

Quand on sait que Mikael Salomon a été le régisseur de ABYSS (1989), ALWAYS (1989) ou encore de BACKDRAFT (1991), on comprend plus aisément le soin apporté à la photographie du film. Côté bande originale, celle composée par Joel Richard rappelle quelque peu les Résident Evil ou encore 28 JOURS PLUS TARD (2002). Et puisque nous abordons le sujet, notons également que si le film se veut parfois un brin gore, le tout reste parfaitement soutenable pour les non initiés. Quand aux effets spéciaux, ceux-ci sont quasiment parfaits ! Bref, sachant de surcroît son budget serré, l'oeuvre comporte tous les ingrédients d'un bon film de science-fiction qui, sans toutefois faire oublier l'œuvre originale, saura intéresser l'amateur de bonne SF.