Gamerak

(Uchu kaijû Gamera)

 L'histoire

Après avoir ratissé l'univers, les pirates galactiques Zanon ont maintenant décidé de s'en prendre à la Terre. Tandis qu'une émissaire est chargée de démasquer et d'éliminer 3 extra-terrestres qui se cachent sur la planète bleue, les Zanon lancent une horde de monstres à l'assaut des grandes villes du Japon. Encouragé par le petit Kenichi, seul Gamera pourra stopper leurs destructions…

Star Destroyer Zanon - Gamerak (Uchu kaijû Gamera)
Star Destroyer Zanon

Le petit mot du Doc

L'aventure de la tortue géante débutée en 1965 avec GAMERA s'est terminée avec GAMERA CONTRE ZIGRA (1971) après sept films à raison d'un titre par an dans lesquels Gamera combat moult monstres. Ensuite, plus rien, le vide total ! Il faut dire que la franchise commençait à avoir du plomb dans l'aile et il devenait difficile de se renouveler. Pourtant, neuf ans plus tard, le monstre revient sur les écrans.

Giruge, l'émissaire de Zanon - Gamerak (Uchu kaijû Gamera)
Giruge, l'émissaire de Zanon

Nous sommes en 1980. La date est propice. Entre-temps, un tsunami américain est passé par là qui se nomme LA GUERRE DES ETOILES (1977). Deux ans plus tôt c'est au tour de Richard Donner de redonner des ailes à un mythe dans SUPERMAN (1978). Et alors que les aventures de Luke Skywalker sont sur le point d'envahir à nouveau les écrans (L'EMPIRE CONTRE ATTAQUE sort seulement 2 mois après GAMERAK), l'opportunité d'un revival ne pouvait qu'être saisie. On ne blâmera pas les créateurs de la série, le réalisateur Noriaki Yuasa et le scénariste Nisan Takahashi ne sont pas les seuls à vouloir profiter de la nouvelle manne entrouverte par le film de George Lucas. Quelques films plus ou moins réussis se sont déjà engouffrés dans la brèche. Pour les plus remarquables citons : STAR TREK LE FILM (1979), LE TROU NOIR (1979), GALACTICA LA BATAILLE DE L'ESPACE (1978), BUCK ROGERS AU 25ème SIECLE (1979) STARCRASH LE CHOC DES ETOILES (1979), GALAXINA (1980), LES MERCENAIRES DE L'ESPACE (1980). Et pour les plus approximatifs mentionnons LES EVADES DE L'ESPACE (1979), LA BATAILLE DES ETOILES (1977), ANNO ZERO GUERRA NELLO SPAZIO (1977) et toute une flopée de remontages italiens.

Malheureusement GAMERAK se situe encore bien en dessous de ces derniers. Noriaki Yuasa et Nisan Takahashi réalisent un film à moindre frais au détriment du consommateur qui est loin d'en avoir pour son argent. Le film s'avère en réalité un grand fourre-tout dans lequel on n'hésite pas à plagier quelques modèles. Heureusement pour les cinéastes (mais peut-on encore parler de cinéastes après un tel désastre ?), à l'époque tonton George n'était pas encore si pointilleux sur les droits d'auteur ! En introduction, un vaisseau, celui des Zanon, copie quasi conforme des Star Destroyers Impériaux de STAR WARS. Celui-ci filmé de dessous, passe lentement devant la caméra, un grand classique post 77. L'action ? C'est un dessin du genre de ceux de Ralph McQuarrie (l'homme qui permit à Lucas de valider son projet auprès de la 20th Century Fox) qui la narre.

Drôles de dames ? Non ! Super Women en civil - Gamerak (Uchu kaijû Gamera)
Drôles de dames ? Non ! Super Women en civil

Le film aurait pu se rattraper sur l'histoire, mais il n'en est rien. Tout ceci n'a absolument ni queue ni tête. Le principe retenu est de resservir les différents combats de Gamera contre les monstres de ses précédents films. On reverra ainsi les matchs qui l'on opposé à Gyaos, Zigra, Viras, Guiron (confrontation qui permet tout de même au spectateur de revoir la scène d'anthologie dans laquelle Gamera fait de la barre fixe), Jiger et Barugon. A ces extraits, ajoutons quelques images de deux dessins animés japonais notoires : SPACE CRUSIER YAMATO (1977) de Toshio Masuda et GALAXY EXPRESS 999 (1979) de Rintaro. En mettant tout ces extraits bout à bout on arrive à une bonne grosse moitié du film. Pour tenter de faire prendre le tout, sont alors ajoutés quelques nouveaux personnages : un jeune garçon (il en faut un !) nommé Kenichi et trois Super Women, Kilara, Marsha et Mitan.

Kilara, Marsha et Mitan sont en réalité 3 extra-terrestres chassées de leur planète "Paix N88" par le roi Zanon. Notons que le nom même de cette planète est risible. Comme il l'indique, il s'agit d'une planète pacifique. Nos trois supergirls ne possèdent donc aucune arme ni super pouvoir autre que celui de voler façon Superman. Alors lorsque Kenichi compte sur elles pour repousser l'envahisseur, ça démarre mal. Toutes les trois restent passives face à l'action, se contentant de regarder Gamera en découdre avec les monstres envoyés les uns après les autres par un Zanon qu'on ne voit jamais. Ces trois sympathiques filles font pourtant du mieux qu'elles peuvent et n'hésitent pas à se changer et à se rechanger histoire de faire quelque chose. Remarquons au passage que leurs costumes sont toutefois réussis ; pas d'affolement cependant, loin des latex moulants des années 2000, on reste sur de la combinaison début 70 ! Bref, histoire d'ajouter au ridicule de ces bougrettes, Nisan Takahashi a décidé que question transformation elles se la joueraient façon Wonder Woman… en pire, gesticulant les bras dans tous les sens avant de faire un tour sur elles-mêmes après s'être frictionnées l'oreille !

Le jeune Kenichi a un faible pour les tortue - Gamerak (Uchu kaijû Gamera)
Le jeune Kenichi a un faible pour les tortue

Emissaire de Zanon envoyée sur Terre pour démasquer et éliminer nos 3 Super Women, voici la méchante du film : Giruge. Vu que c'est la méchante, elle débarque habillée de noir. Celle-ci peut repérer ses cibles uniquement lorsqu'elles sont vêtues de leurs combinaisons car, à ce moment là, elles émettent des ondes repérables. Sa seule véritable action Kung-Fu contre Kilara est à hurler le rire : la cascadeuse qui la double se trouve être un cascadeur en perruque !

Quand au jeune Kenichi, le pauvre, lui croit à son rôle dur comme fer. Possesseur d'une véritable tortue à laquelle il rend la liberté, il compose même la nouvelle chanson à la gloire de Gamera (la "Marche de Gamera" nous dit-on) et n'hésite pas à nous la jouer (et à nous la chanter) sur un orgue électronique dès qu'il en voit un.

Sous titré GAMERA LE MONSTRE DE L'ESPACE, ce huitième et dernier Gamera de l'ère Showa n'a rien pour lui. Et il ne faut pas compter sur les effets spéciaux pour redresser la barre (une grosse tâche orangée sur la pellicule pour transformer un van en vaisseau ça craint !). S'il est vrai que GAMERAK peut servir de résumé à sept ans d'aventures de la tortue pour le spectateur qui prendrait le train en marche, on ne conseillera toutefois pas de commencer avec ce titre tant il diffère des précédents, au risque de décourager.

Transformation - Gamerak (Uchu kaijû Gamera)
Transformation

Un point amusant à noter tout de même : celui ou Gamera renverse une pancarte sur laquelle est écrit "Adieu Godzilla"… comme pour tirer un chapeau révérencieux à la Toho et aux créateurs du lézard géant avant de mettre la clé sous la porte…