Batman

(Batman)

 L'histoire

Suite à un appel anonyme, Batman et Robin partent à la rescousse du Commodore Schmidlapp dont le bateau, contenant une invention révolutionnaire, a été détourné au large de Gotham City. A bord du Batcoptère, le dynamique tandem tente d’aborder le navire qui disparaît soudainement. Dans l’eau, Batman est alors attaqué par un requin bourré de TNT et ne doit son salut qu’à son stock de bombe anti-requin.

De retour au commissariat, Batman et Robin confirment leurs soupçons : ils ont été victimes d’un guet-apens fomenté par quatre super criminels en liberté : le Joker, le Pingouin, le Sphinx et la Femme-chat. Les deux héros retrouvent l’emplacement de la balise ayant projeté l‘image du bateau et se rendent sur les lieux à bord du batcanot. Arrivés sur place, ils se retrouvent à la merci de torpilles lancées depuis le sous-marin du Pingouin. Ils sont sauvés in extremis grâce au sacrifice d’un marsouin.

Batman et Robin se révélant particulièrement gênants pour la suite de leur plan consistant à kidnapper les membres du conseil de sécurité du Monde Uni, les quatre vilains fomentent un plan : celui d’attirer les deux héros dans un piège en utilisant comme appât une figure emblématique de Gotham, Bruce Wayne…

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Le petit mot de Buck Banzai

Depuis sa première aventure en 1939 dans les pages du magazine Detective Comics, le personnage de Batman a évolué au fil des époques en s’adaptant à l’esprit de son temps et aux goûts de son lectorat. Ainsi, de l’ambiance sombre aux relents de polar des débuts, on passera progressivement à des péripéties plus débridées teintées de science-fiction, le genre connaissant un regain d’intérêt auprès des lecteurs de l’après-guerre. A cette tendance s’ajoute un fait marquant : à partir de 1954, le comité du Sénat américain en charge de la délinquance juvénile obligea les éditeurs de bandes-dessinées à censurer leurs publications, sous l’égide du Comics Code Authority. Les comic books perdront en liberté de ton ce qu’ils gagneront en respectabilité auprès du public familial.

Si Batman a déjà vu ses exploits adaptés au cinéma dans deux serials produits en 1943 et 1949, c’est en 1966 qu’il débarque sur le petit écran sous l’impulsion du producteur William Dozier. Ce dernier envisagea initialement de produire un long métrage en premier, afin de convaincre les chaînes de télévision d’acheter sa future série, mais cela n’a finalement pas été nécessaire. La chaîne ABC acheta la série qui connut un succès immédiat. Celle-ci comptera au total 120 épisodes de 25 minutes tournés entre 1966 et 1968.

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Si le long métrage n’a pas été nécessaire pour lancer la série aux Etats-Unis, William Dozier décida d’en produire un pour faciliter les ventes à l’étranger. Le tournage du film se déroula pendant la pause de l’été 1966 entre la première et la deuxième saison. La réalisation fut confiée au baroudeur de la télévision Leslie H. Martinson, qui avait déjà tourné deux épisodes de la série.

Le casting du long métrage est identique à celui de la série. Le dandy Adam West prête ses traits à Bruce Wayne/Batman et déclame ses leçons de morale avec cette inimitable grandiloquence pleine d’ironie. A ses cotés, Dick Grayson/Robin est toujours incarné par le débutant Burt Ward dont la fraîcheur et la naïveté naturelles avaient immédiatement convaincu la production qu’il était fait pour ce rôle. Coté vilains, l’énergique Cesar Romero retrouve le costume du Joker, Burgess Meredith celui du Pingouin et Frank Gorshin celui du Sphinx. La seule différence vient de Catwoman (la « Femme-chat » en VF) ici jouée par Lee Meriwether (Miss America 1955) qui remplace Julie Newmar, indisponible pour conflit d’agenda avec un autre tournage.

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Le film peut se voir comme une sorte de « super épisode » qui propose pas moins de quatre méchants et une multitudes de véhicules et de gadgets, tout en respectant à la lettre les codes de la série. Tout y est : des plans inclinés dès que les méchants entrent en scène aux poursuites avec le décor défilant en retro-projection, en passant par les onomatopées giclant à l’écran lors de la grande bataille finale. L’ensemble baigne dans une ambiance visuelle très colorée, choix esthétique hérité de la série non seulement dicté par l’influence directe de la bande-dessinée mais aussi par la démocratisation de la télévision couleur dans les foyers américains à l’époque.

Le ton décontracté et l’humour décalé de la série comme du film sont encore aujourd’hui l’objet d’une incompréhension chez nombre de spectateurs qui les jugent au premier degré. Pourtant, le carton en ouverture de métrage est explicite : « Ce film est dédié aux amoureux de l’aventure, de l’imaginaire, du ridicule et de l’absurde ». Ainsi les péripéties cartoonesques, le jeu caricatural des acteurs ainsi que les répliques aussi naïves qu’incongrues sont parfaitement prémédités et hautement jouissif pour peu que l’on soit amateur de second degré.

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BATMAN version 1966 est un film fun, délirant, un brin moqueur mais doté d’une certaine finesse et toujours respectueux de la bande-dessinée et de ses personnages. Une alchimie pas si facile à obtenir, la preuve : Joel Schumacher s’y est cassé les dents en s’essayant au même registre avec le piètre BATMAN & ROBIN en 1997.

07 mars 2016