Aventures fantastiques

(Vynález zkázy)

 L'histoire

Simon Hart se plonge dans le journal qu’il a tenu durant ses aventures… Traversant terres et mers pour rejoindre son mentor, le professeur Roch, il décrit son siècle de progrès (le tout début du XXème) et les nombreuses nouvelles inventions qu’il croise lors de son voyage : chemin de fer, steamers, automobiles, sous-marins et machines volantes, tel l’ « Albatros » de son ami Robur le conquérant.

Dans un manoir planté face à la mer, le jeune ingénieur trouve le vieux chercheur, épuisé par ses travaux et sans un sou pour les continuer. En vain il tente de le convaincre de se reposer et surtout de réfléchir aux risques que ses inventions pourraient faire courir à la planète si elles tombaient en de mauvaises mains… La nuit même de son arrivée, au court d’une tempête qui se déchaîne sur la côte, un groupe de forbans pénètre dans le domaine et enlève maître et assistant.

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Dès le lendemain, le monde civilisé, inquiet de la disparition de cette sommité qu’est le professeur Roch, lance polices et armées à sa recherche. Parmi d’autres, on arraisonne le bateau de l'arrogant comte d’Artiguas. Fouilles vaines terminées et les autorités parties, d’Artiguas rejoint le professeur Roch dans le sous-marin que le navire traîne derrière lui en secret. Dans cette prison sous-marine il convainc l’innocent savant d’accepter son aide et sa fortune pour terminer ses travaux, en particulier ceux sur la matière…. Simon est aux fers, et Roch ignore tout de sa présence.

Durant la traversée qui doit les mener à Black Cup -l’ île cachée, repaire du comte- ils croisent « L’Amélie », le plus puissant navire de commerce des sept mers. D’Artiguas, s’empresse d’éloigner Roch dans une cabine et révèle sa vraie nature : pirate sans scrupule, il fait percer la coque du navire par le sous-marin, puis s’empare dans l’épave engloutie de tous ses trésors. Seule une jeune fille survie à la catastrophe, que le comte d’Artiguas fait ramener à son bord.

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Arrivés par un tunnel sous-marin au cœur de l’île –qui est en fait un gigantesque volcan éteint au milieu du Pacifique- Simon découvre une véritable ville et son usine géante. Le mégalomane et ses complices, le capitaine Spada et l’ingénieur Serko, mettent immédiatement le professeur au travail dans un laboratoire ultra moderne.

Simon, enfermé dans une misérable baraque accrochée à une des parois du volcan, est gardé en réserve au cas où le professeur n’arrivait pas à son but. Pourtant, en quelques semaines Roch découvre (toujours sans penser à mal) ce qu’il cherchait et parvient à percer le secret de la matière, inventant ainsi un formidable moyen de destruction.

La gamine rescapée, laissée libre de circuler, entre en contact avec Simon qui essaie alors de prévenir le professeur des intentions de leurs ravisseurs. Sans résultat. Il tente ensuite, grâce à un petit ballon improvisé, d’envoyer un message au monde menacé. Ce coup là est le bon : dès l’avertissement parvenu dans les mains des autorités planétaire, une armada est lancée en direction de l’île.

Sur celle-ci, les conjurés, décidés à terroriser le monde pour y prendre le pouvoir, ont fait construire un canon titanesque destiné à propulser à des milliers de kilomètres des obus chargés de l’explosif effroyable du professeur.

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 Attention Spoiler ! la fin du film vous est racontée ci-dessous…

Simon, ayant réussit à s’échapper de son cabanon rejoint la jeune fille et parvient à s’emparer d’un ballon au préalable destiné à diriger les tirs du canon. Alors qu’il s’élève dans les airs avec la belle, le diabolique d’Artiguas et ses troupes mettent en joue les nombreux navires arrivés en vue de l’île.

Mais le professeur, qui a enfin compris leurs sombres desseins, se sacrifie en faisant dégringoler un des obus de l’affût sur un des aplombs du volcan. Celui-ci et tous ceux qui étaient sur Black Cup, disparaissent dans une formidable explosion qui pousse au loin, mais saufs, le ballon de Simon et de sa passagère.

Le petit mot de Francis SCHALL

Voici une mosaïque de l’œuvre de Jules Verne, dont Karel Zeman est un fervent admirateur (on retrouve d’ailleurs dans le film certains grands personnages de l’auteur français, dont Robur le conquérant). Karel Zeman, réalisateur de film d'animation tchèque (1910-1989), a encore adapté Verne --en une synthèse d'autres de ses romans-- avec LE DIRIGEABLE VOLE (1967) ; et avec L'ARCHE DE M. SERVADAC (1970). Il a réalisé également une excellente version des "Aventures du Baron de Munchausen", LE BARON DE CRAC (1961), et un film plus franchement pour jeune public, VOYAGE DANS LA PREHISTOIRE (1955), dans lequel la conception des créatures de l'ère secondaires est plutôt... primitive ! Il est aussi l’auteur d’une très belle version de Sinbad qui réunit sept courts-métrages, datant de 1971. Découvert en 1946 lors du premier Festival de Cannes, Rêve de Noël, son film initial, réalisé en 1945, combinant déjà jeux d'acteurs et marionnettes, emporte la Palme d'or du court-métrage.

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Karel Zeman a véritablement son style, reconnaissable entre tous, très élaboré mais privilégiant la poésie et l'humanisme. A partir du milieu des années cinquante ce style est remarquable par le mélange permanent de jeux d’acteurs, d’animation, et d’effets spéciaux.

Dans Aventures fantastiques l’humour est toujours présent, entre autre avec ses pirates sous-marins à vélo et une bataille au sabre sous la mer, ainsi qu’une séquence de repassage de jupon sur l’affût d’un canon encore chaud. Et quoique l’histoire soit traitée en flash-back, Zeman sait ménager le suspense.

Mais c’est surtout l’enchantement désuet d’une époque que ce maître du cinéma d’animation parvient à recréer. Vêtements à rayures (larges ou fines, verticales ou horizontales) et compositions de lignes constantes pour les décors deviennent une trame que le réalisateur pose sur ses images et où évoluent ses interprètes afin de retrouver le ton et la finesse des illustrations des livres de Jules Verne publié par Hetzel (gravures de Bennett, Philippoteaux, Meyer et Riou). Nous sommes là comme dans les pages d’un formidable roman d’aventure illustré… La rencontre rare de la poésie et de la science-fiction fait de ces Aventures fantastiques une des pierres précieuses du cinéma d’animation… et de SF !

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- Le film a obtenu le « Grand Prix du Cinéma » à l’Exposition Universelle de Bruxelles 1958 (première apparition publique).
- Les Américains ayant souvent besoin de mettre les films étrangers à leur aune, la version US est introduite par une présentation d’Hugh Downs, célèbre présentateur TV mais aussi membre du conseil consultatif de la NASA et président du conseil d’administration de la National Space Society…

27 février 2010