Star Wars : épisode III - La Revanche des Sith

(Star Wars: Episode III - Revenge of the Sith)

 Les critiques

Nombre de critiques : 11

Total des points : 83

Moyenne obtenue : 7.55/10

n°1 - 9/10 BELMONT Frédéric

18 mai 2005  Attention spoiler

Attendu par des millions d'adeptes de la Force à travers le monde, "La Revanche des Sith" (troisième du nom) débarque enfin sur nos écrans et le résultat semble enfin à la hauteur de nos espérances. Passé le célèbre générique des lettres qui défilent dans l'espace sur fond d'orchestre légendaire, nous découvrons alors une bataille spatiale des plus époustouflantes entre les vaisseaux séparatistes et les forces d'Interposition de la République au-dessus de la planète Coruscant. Des chasseurs vadrouillent dans tous les sens, des lasers crépitent à feu nourri tandis que des explosions secouent sporadiquement ce secteur pour le moins agité de l'espace sub-orbital. Cadencé au rythme des manœuvres d'Anakin et d'Obi-Wan, le spectateur est véritablement rivé à son siège! Il devient alors facile de comprendre la situation tragique qui nous est présentée: la République a sombré dans le Chaos depuis que la Guerre des Clones s'est propagée jusqu'à la ceinture extérieure de la Galaxie.

Moi qui, jadis, trouvais Hayden Christensen (alias Anakin Skywalker) un peu agaçant dans "L'Attaque des Clones", je dois admettre que je fus complètement subjugué par son jeu d'acteur d'un personnage qui bascule progressivement du côté obscur de la Force jusqu'à devenir un redoutable Sith! Pour ne rien vous cacher, je le trouve même encore plus fantastique en jeune combattant (affublé de cheveux longs et de sa large cape noire) qu'en cyborg Dark Vador! Comme il l'explique d'ailleurs au redoutable Comte Dooku (qu'il terrasse), Anakin Skywalker a doublé de pouvoir depuis la Bataille de Geonosis : cette fois, nous n'avons plus affaire à un jeune prétentieux qui fonce tête baissée au mépris du danger mais à un Padawan confirmé, virtuose du sabrolaser et des cabrioles spectaculaires! Et ce n'est pas le Chancelier Palpatine qui me contredira! Maître Kenobi, devenu entre-temps général, n'est pas en reste et le duo hors pair que forment les deux Jedi s'accompagne d'une action trépidante dès le début du film!

Si, comme moi, vous avez pesté devant la romance mièvre d'Anakin et de Padmé dans les vertes prairies la Planète Naboo et fustigé le ridicule des dialogues sirupeux, vous serez cette fois immensément captivés par leur tragédie d'un amour devenu totalement impossible en ces temps d'obscurantisme. L'insouciance de leur lune de miel semble bien loin. Désormais, l'heure est grave : Padmé est enceinte et s'inquiète du destin de son mari. Celui-ci, pris entre deux feux, commence à douter de la sagesse de l'enseignement Jedi pour tomber peu à peu sous la coupe d'un Cancelier perfide qui joue de la confusion du jeune apprenti. De plus, une sombre prémonition de décès post-natal vient jeter comme une opprobre sur les agissements du jeune Padawan. Clin d'oeil de l'auteur : les protagonistes tiennent des dialogues qui font écho à "L'Empire Contre-Attaque" ("Ensemble, nous régnerons sur la Galaxie. Nous rétablirons la République à mon image") et au "Retour de Jedi" ("Il est resté du bon en lui!").

"La Revanche des Sith" est l'occasion de découvrir la face cachée (quoique pressentie même par les novices) du sénateur Palpatine : ce dernier n'est autre que... le Dark Sidious tant recherché par l'Ordre Jedi. La révélation de ses desseins machiavéliques s'inscriront certainement dans les annales du cinéma. Après son coming out, il ne lui faut pas longtemps pour rallier Anakin à sa cause et l'envoyer exterminer tous les autres Jedi (y compris les enfants), avec la complicité active de clones-soldats tous plus corrompus que jamais. Le combat que tout le monde attendait entre Anakin et Obi-Wan a bien lieu (sur une planète volcanique hostile du nom de Mustafar) mais il s'effectue en parallèle à un autre duel encore plus insolite : Maître Yoda contre Dark Sidious dans le Temple Jedi! Les inconditionnels exclusifs de la première trilogie seront forcés d'admettre que les combats au sabre entre les couples d'adversaires sont beaucoup plus impressionnants et mouvementés que dans les futures Batailles de Bespin et ou d'Endor! Anakin semble assoiffé de sang, il est le parfait élève qui dépasse son Maître. Sa haine est d'autant plus attisée par le refus de Padmé d'adhérer à ses ambitions délétères. Au vu de telles prouesses, on a du mal à croire qu'il se vengera de son Maître de façon aussi aussi mollassonne lors de leurs futures retrouvailles sur la première Etoile Noire! Sur Coruscant à feu et à sang, Palpatine révèle toute sa puissance dans un hémicycle transformé en arène! Il exécute tous ses plans sans aucune vergogne, menant ainsi sa fameuse "politique sécuritaire" avec une ampleur que n'aurait pas renié notre ministre Nicolas Sarkozy. Seul Maître Yoda, le doyen des Jedi, pouvait s'opposer à une telle débauche de Force Obscure. Mais hélas! le gnome vert le plus célèbre de l'Univers découvre en Palpatine un adversaire fort et redoutable qui le contraint à l'exil ("Mon échec je reconnais!"). La scène où il s'enfuit dans les conduits d'aération puis sur le land-speeder du Prince Consort ne rappellerait-elle pas celle de Luke récupéré par Lando Calrissian vingt trois ans plus tard dans la chronologie officielle?

La naissance des jumeaux est sans conteste l'autre grand moment de cet épisode fabuleux : George Lucas déploie un parallèle astucieux entre l'accouchement de la mère Padmé et la conversion chirurgicale d'Anakin en un cyborg à la silhouette bien connue. En effet, ce n'est pas tant la venue au monde de ses enfants qui achève Padmé mais plutôt la souffrance endurée par son mari mutilé. Le costume de Vador n'est pas une armure mais une vierge de fer! La Force indique à la jeune femme qu'il est envoûté mais pas irrécupérable. Lorsque ses deux bébés lui sont présentés, c'est elle qui entreprend de les nommer puis, comprenant que sa mission est terminée, l'épouse expire dans un soupir. La séquence des funérailles figurera sans doute parmi les plus sombres du cinéma hollywoodien : la vue de Padmé éteinte au milieu des fleurs est si poignante que personne ne songe à critiquer le retour d'un Jar-jar compatissant et silencieux . D'ailleurs, les images de fin, sans dialogues, se passent de commentaires et sont magistralement orchestrées par un John Williams au meilleur de sa forme.

Personnellement, je sors complètement ébloui par cet Episode III et par la prestation des acteurs, plus authentiques que jamais. Les effets spéciaux sont vraiment excellents, les personnages en image de synthèse paraissent plus vrais que nature; pour preuve, Yoda n'a dorénavant plus rien à envier à Messire Gollum (un certain précieux d'une autre trilogie). Je pense que George Lucas a fait de son mieux pour convenir à l'attente de ses admirateurs : chaque fan a sa propre vision de Star Wars et il n'était pas évident de trouver un compromis qui séduise tout le monde en 2h10mn de temps! Honnêtement, je m'attendais à voir surgir des personnages de l'Univers Etendu, tels que Mara Jade ou le Grand Amiral Thrawn (conformément à certaines rumeurs Internet qui circulaient en 2000). Vraisemblablement, le réalisateur a préféré se concentrer sur des personnages déjà existants et, même si je suis un peu déçu de ne pas avoir aperçu Han Solo enfant comme je l'espérais secrètement du fond du coeur, je suis quand même ravi d'apprendre que le Grand Chewbacca a sauvé Yoda de la trahison des Clones. J'ignorais jusqu'alors que les deux compères se connaissaient mais la combinaison n'en est pas moins admirable. Mustafar est bien jolie mais je m'attendais vraiment à ce que le duel ait lieu sur N'Klon, la planète super-chaude des livres de Timothy Zahn. Nous aurions obtenu un lien intéressant avec la troisième trilogie romanesque mais ce n'est pas le cas! De toutes façons, le film possède plusieurs niveaux de lecture et je ne serais pas étonné d'apprendre qu'il recèle de plusieurs indices cachés à l'attention des connaisseurs les plus incollables. Et je n'oublie pas de saluer la prestation du Général Grievous dont le maniement de 4 sabres en simultané a de quoi désarçonner! Fidèle à sa promesse, le Magicien Lucas n'a pas oublié d'effacer la mémoire de C3PO (le droïde protocolaire qui en savait trop) ni de nous présenter une image (bien que furtive) de l'officier Tarkin (le futur grand Moff). C'était déjà partiellement vrai avec "La Menace fantôme" et "L'Attaque des Clones", mais l'enchaînement de l'histoire ne souffre plus d'aucune incohérence avec la trilogie classique : ainsi, Oncle Owen est bien le frère par alliance d'Anakin, C3PO n'a plus aucune raison de reconnaître les sables de Tatooine après l'Attaque du Tantive IV, Dark Vador de savoir que Leia est sa propre fille etc..... Si la boucle est bouclée, il n'empêche qu'Obi-Wan, Owen, Beru et même Yoda reconnaîtront secrètement les droïdes, sans jamais se confier à Messire Luke. Par ailleurs, l'histoire ne montre pas comment les deux Jedi rescapés savent que Vador est son père mais j'imagine que, en vingt ans d'exil, ils auront trouvé la Révélation dans la Force!

Vous avez pesté contre "L'Attaque des Clones" aimé "L'Empire Contre-Attaque"? Vous adorerez "La Revanche des Siths"! 9,5/10

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