blu-ray : THX 1138

Date de sortie : 24 novembre 2010

THX 1138

Film

Support

Bonus

Acteurs : Robert Duvall, Donald Pleasence, Don Pedro Colley, Maggie McOmie, Ian Wolfe

Réalisateur : George Lucas

Langues : Anglais (5.1 DTS HD-Ma), Français (5.1 DD), Allemand (5.1 DD), Castillan (5.1 DD)

Sous-titres : Français, Espagnol (Latin/Castillan), Danois, Neerlandais, Finnois, Norvégien, Suédois. Pour malentendants : Anglais, Allemand

Zone : Zone B

Format image : 2.35 - 1080p - 16/9 compatible 4/3

Nombre de disques : 1

Editeur : Warner Blu-Line

Date de sortie : 24 novembre 2010

Durée : 89 minutes

Disponible en Blu-ray

L'histoire

Dans le futur, une humanité aseptisée vit dans une ville souterraine. Les hommes et les femmes sont vêtus d'uniformes blancs, ont le crâne rasé et portent des matricules pour noms. Ils sont maintenus en permanence sous sédatif et subissent un lavage de cerveau répété par le biais de la voix de l'ordinateur qui fédère la ville. Ils font l'objet d'une surveillance vidéo de tous les instants et nul ne peut échapper aux lois que des androïdes policiers font respecter. Pourtant, tel le fruit défendu, une femme, LUH 3417, parvient à convaincre THX 1138 de cesser de prendre ces drogues...

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Le petit mot du Doc

Tout le monde connaît George Lucas pour sa double trilogie Star Wars qui a changé l'histoire du cinéma à jamais. Le public connaît pourtant moins son tout premier long-métrage, THX 1138, qui abordait déjà quelques thèmes de la science-fiction, certes à l'opposé de la bataille galactique qui allait opposer le Bien et le Mal six ans plus tard.

Il faut dire qu'à sa sortie en 1971, le film est passé quasi inaperçu, tout autant que son réalisateur qui sortait tout juste de l'école de cinéma. Présenté à la "Quinzaine des Réalisateurs" du Festival de Cannes en mars 1971, le film permet paradoxalement à Lucas d'être plus connu en France qu'aux Etats-Unis. Pourtant THX 1138 , à sa manière, a lui aussi marqué l'histoire du cinéma en ce sens qu'il fut le premier film d'une toute nouvelle société cinématographique qui comptait bien chambouler les règles d'Hollywood : American Zoetrope.

Les années 70 marquent un tournant à Hollywood. Les films d'alors se suivent et se ressemblent : on y trouve les même comédiens, dirigés par les même cinéastes. Et les studios passent progressivement sous la houlette d'investisseurs qui n'entendent rien au 7ème art. Mais l'époque est aussi celle d'une nouvelle vague de jeunes réalisateurs dont Lucas fait partie au coté de gens comme Robert Dalva, Martin Scorsese, Carroll Ballard, John Milius, Walter Murch ou encore Steven Spielberg. Une nouvelle vague à l'image de la nouvelle vague française des Godard et Truffaut et qui s'est trouvée comme porte parole un jeune cinéaste d'origine sicilienne : Francis Ford Coppola.

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Coppola est le seul jeune metteur en scène à travailler dans un Hollywood vieillissant. Le succès de LA VALLEE DU BOHNEUR (1968) lui en a ouvert les portes. Mais outre ces commandes, indépendant et visionnaire il cherche à faire un autre cinéma et comme une alternative au consortium californien, crée American Zoetrope, à San Francisco. En contrat avec Warner pour 7 films, il propose alors à son ami George Lucas de tourner THX 1138. Cette première pellicule est sensée être représentative du savoir faire de la toute nouvelle société. Mais bien qu'il soit de qualité, THX 1138 déplait à Warner qui décommande l'ensemble des films et somme Coppola de les rembourser. C'est le fameux "jeudi noir". Les dirigeants de la Warner attendaient un film à la EASY RIDER (1969) - petit budget, grosses recettes et une aptitude à renouveler le genre à Hollywood - en place de quoi ils ont découvert, choqués, un film avant-gardiste, expérimental, qu'ils n'ont pas compris. Coppola croule sous les dettes et le film de Lucas, malgré tous les efforts de son géniteur, n'échappera pas à la coupe des studios. Depuis ce jour-là George Lucas s'est promis que personne ne toucherait plus à son travail.

Sorti le 11 mars 1971, le film reçoit quelques bonnes critiques mais reste un échec commercial. En 2004, alors que Star Wars continue à passionner les foules, George Lucas ressortira son "Director's Cut", non seulement dans un montage tel qu'il l'avait à l'origine souhaité mais en y incorporant de nouveaux effets visuels et de nouveaux plans numériques. Ceux-ci permettant de palier les carences principalement imputables au manque de moyens budgétaires, sont aussi l'occasion d'améliorer son propos par la mise en œuvre de techniques qu'il maîtrise maintenant parfaitement. C'est cette version finale, voulue par Lucas que Warner propose dans ce Blu-ray, une version déjà éditée en 2004 dans une édition collector double DVD. A noter que George Lucas n'est pas homme à conserver chaque version de ses films. Au même titre qu'il n'est plus possible de trouver la première mouture de LA LA GUERRE DES ETOILES (1977), vous ne trouverez plus celle de THX 1138.

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THX 1138 trouve son origine dans le film d'étudiant, ELECTRONIC LABYRINTH THX 1138 4EB (1967), avec lequel Lucas obtint la considération du public et des autres étudiants d'alors, tel Steven Spielberg. Le sujet s'inspire des débats qui faisaient rage à l'époque sur la perte d'identité de l'individu dans une société de plus en plus mécanisée. C'est le seul film dans l'histoire du cinéma où le titrage d'introduction défile du haut vers le bas, ce qui dénote tout de suite l'anticonformisme de George Lucas. Un anticonformisme qui lui vaudra quelques déboires avec la Guilde des Réalisateurs lors de la sortie de L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE (1980).

Lucas ambitionne de faire un film abstrait, visuel, expérimental, intégrant les émotions de la perte d'humanité. Il s'inspire de George Orwell et son "1984" mais aussi d'Aldous Huxley et son "Meilleur des Mondes". Dans cette société souterraine, toute émotion est interdite. L'amour et le sexe le sont d'autant plus. C'est une société consumériste qui ingère des sédatifs sur ordre de dirigeants invisibles, mystérieux et tortionnaires qui contrôlent une armée de robots policiers pour faire respecter l'ordre. Walter Murch, co-scénariste et ingénieur du son sur le film déclare : "C'était un film du futur, plutôt qu'un film sur le futur." Quant à Lucas, il concède : "C'est le film le plus dramatique que j'ai jamais fait."

A l'origine, George Lucas avait imaginer tourner au Japon. Mais le budget de 777 777.77 dollars (le 7 étant le chiffre porte-bonheur de Coppola, il définit ainsi celui du premier film d'American Zoetrope) et les difficultés à obtenir les autorisations de filmer dans certains endroits stratégiques du pays l'en dissuadèrent. THX 1138 est alors tourné à San Francisco et fait bon usage des infrastructures autoroutières en cours de construction. Le budget obligea le jeune réalisateur à se dépasser à faire preuve d'imagination… bref une bonne école. Afin de donner un aspect documentaire à son film, Lucas emploiera deux caméras simultanément sans leur infliger de mouvements trop stylés.

Coté casting il fait appel à Robert Duvall qui obtient ici son premier rôle principal. Duvall est recommandé par Coppola qu'il avait déjà embauché sur LES GENS DE LA PLUIE (1969), son premier long-métrage indépendant. Donald Pleasence (peu connu à l'époque, donc abordable) est choisi pour lui donner la réplique. Ces deux grands acteurs connaîtront une longue carrière, ce qui n'est pas le cas de Maggie McOmie, une jeune inconnue qui joue le personnage de LUH 3417. La jeune femme, tout comme l'ensemble des comédiens, ont la particularité de s'être rasé la tête pour les besoins du film. Une expérience curieuse et douloureuse aussi.

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Comme expliqué plus haut, cette édition Blu-ray comporte la version restaurée et remasterisée du Director's Cut de THX 1138. Sans réellement rendre honneur à la haute définition, l'image du film est tout à fait correcte et agréable à regarder. Les amateurs de VO (et possesseurs de matériels adéquates) se réjouiront de trouver une piste audio anglais en DTS 5.1 HD Master Audio, les autres devront se "contenter" du Dolby Digital 5.1.

Côté bonus, rien de nouveau par rapport à l'édition collector double DVD de 2004. Rien de nouveau mais que du bon tout de même ! A commencer par l'excellent documentaire "Une nouvelle génération de réalisateurs : les premières années de American Zoetrope" (1h03) qui vaut à lui seul l'investissement, revenant sur cette nouvelle vague de jeunes réalisateurs américains et la naissance de l'American Zoetrope fondée par Francis Ford Coppola. Magnifique ! Autre documentaire, "Objet du futur : making of THX 1138" (31'08) est, comme le titre l'indique, un making of moderne du film qui vient compléter l'original "Bald, le making of THX 1138" surtout basé sur la tonte des comédiens et filmé à la manière d'un court-métrage.

A ces gros morceaux viennent s'ajouter les commentaires audio de George Lucas et Walter Much… toujours pas sous-titrés ! C'est décevant ; concernant ce passage sur support HD, Warner a fait le minimum. On trouvera aussi "Le théâtre du bruit" qui propose une vision du film accompagnée des seules pistes musicales et sonores et "Mastering du son avec Walter Murch", de courtes séquences vidéo (disponibles en Picture un Picture) présentant le travail de pionnier de Murch sur le design sonore du film. On pourra aussi découvrir ou redécouvrir la bande-annonce originale de 1971 ainsi que cinq nouvelles bandes-annonces montées pour la ressortie américaine du film en salles en 2004.

Enfin, et non des moindres, cette édition est à nouveau complétée par le film d'étudiant de George Lucas qui est à l'origine de THX 1138 : ELECTRONIC LABYRINTH THX 1138 4EB (15'10)… EB signifiant "Earth Born" (né sur Terre).

24 novembre 2010